De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Les différents responsables et autres animateurs de la scène culturelle dans la wilaya de Tizi Ouzou ont-ils les qualifications nécessaires pour mener à bien leurs missions à la tête de leurs organismes et/ou autres boîtes ? Rien n'est moins sûr pour beaucoup d'entre eux, dans la mesure où, à l'origine, ils n'ont reçu aucune formation, qu'elle soit scientifique ou artistique Dans un secteur où les critères de promotion ne répondent pas à des normes scientifiques, comme pratiquement dans toutes les wilayas du pays, la passion et l'ancienneté ont fini par prendre le dessus sur la qualification. L'exemple le plus simple reste celui du directeur de wilaya actuel chargé de la culture, El Hadi Ould Ali qui n'a aucun diplôme ni attestation en relation avec le secteur qu'il dirige dans la wilaya de Tizi Ouzou, mais son passé au sein du parti RCD de Saïd Sadi et au sein du mouvement associatif a favorisé son intronisation à la tête de la direction de wilaya de la culture. Poste qu'il cumule avec celui de directeur de la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou depuis plusieurs années. Il est vrai qu'en tant que représentant de l'Etat au niveau local, ce directeur n'a pas vraiment besoin d'un diplôme pour occuper son poste puisqu'au sein même de sa direction, il doit être entouré de gens spécialisés dans leurs domaines respectifs comme l'archéologie et la préservation du patrimoine. De plus, au sein d'un Etat centralisateur, le directeur local n'a pas toujours les coudées franches dans ses missions, les différents spécialistes hantent le cabinet du ministère de tutelle ayant toujours leur mot à dire, y compris dans les différentes wilayas du pays. Il faut dire aussi que, même sans diplôme ni qualification, les activités initiées par la direction de la culture et celle de la maison de la Culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou sont généralement animées par les associations culturelles de la wilaya ainsi que les artistes, le rôle des responsables du secteur étant plutôt logistique et organisationnel. C'est pratiquement le même constat qu'on peut faire s'agissant des autres organismes de culture et de jeunesse, comme les maisons de jeunes et autres auberges de jeunesse dirigées plutôt par des gens censés maîtriser la gestion plutôt que le domaine qu'ils gèrent. Et, dans tous les cas de figure, ces responsables ne sont pas abandonnés à leur sort par l'Etat qui les nomme, dans la mesure où, dans certains cas, ils sont conseillés par des gens supposés être des experts en la matière ou, dans d'autres cas, leur mission consiste seulement à mettre en œuvre les directives de la hiérarchie, ce qui, encore une fois, ne nécessite pas de qualification particulière. Mais, dans certaines disciplines, la qualification ne peut passer au second degré dans le cadre des nominations et le plus bel exemple à donner dans ce domaine, c'est celui du théâtre qui a longtemps souffert de son amateurisme et de son bricolage. Et la nomination de Fouzia Aït El Hadj à la tête du Théâtre régional Kateb Yacine de la ville des Genêts n'est pas faite pour contredire cette règle. Elle qui fait dans la création, même si les travaux de réhabilitation de l'infrastructure s'éternisent alors que l'équipe qui l'entoure reste réduite. Elle travaille donc même si toutes les conditions ne sont pas réunies et c'est là que l'on peut constater le professionnalisme et la compétence des responsables et autres animateurs qui arrivent à faire leur travail même dans la difficulté. Mais l'ancienneté (ou l'expérience, c'est selon) n'est pas le seul critère qui remplace la qualification dans le désert scientifique et culturel qui règne dans toute l'Algérie. La passion pour un art ou une discipline artistique donnée peut être un critère de choix, particulièrement dans des démarches privées qui mènent de jeunes férus d'art et de culture à la création d'une association ou d'une boîte de production de spectacles. Certains producteurs de spectacles, à l'instar de NG Productions, ne sentent pas le besoin d'être bardés de diplômes pour parfaire leurs activités, étant, à l'origine, des passionnés de leurs disciplines. C'est toujours cela d'intéressant, même si d'autres préfèrent cacher leur incompétence en usant de leurs connaissances dans les rouages de l'Etat et dans le monde de l'art, pas toujours artistique.