Vendredi se sont ouvertes à Blida, au niveau du Parc des loisirs sur la route vers la Chiffa, les Journées du haouzi qui vont durer jusqu'au samedi 29 mai. Au programme, des après-midi et des soirées qui ont tant manqué à la ville des Roses, elle qui reprend quelque peu un rythme perdu depuis l'époque où on la comparait à une Capoue musulmane, tant les lieux de plaisir abondaient. Une localité riante dont les eaux, naguère abondantes, passent aujourd'hui sous terre et à laquelle les vergers donnaient le surnom connu de «ville des Roses» et qui tend à être remplacé par «ville bétonnée» tellement les murs clôturent toutes les constructions. Avec les journées du haouzi auxquelles succéderont celles du genre «aroubi» dès le début du mois prochain et la tenue des floralies blidéennes au niveau du principal boulevard piétonnier du centre-ville, c'est toute l'ambiance langoureuse du genre andalou qui va imprégner l'atmosphère. Les vers des poètes Benmsaïeb, Bentriqui, Al-Mandassi et autres Medeghri ou Bendimered seront joués par les orchestres mis au programme par les responsables de ces journées. M. Boumdal, un des responsables de l'association El-Djennadia de Boufarik, estime que de telles «journées» ravivent la flamme de la création artistique et renforcent les assises du patrimoine musical de tout le pays. Tout le monde sait que le «haouzi» est une porte entrouverte sur la réalité d'une période infiniment riche de la société algérienne du XVIe au XIXe siècle, période marquée par la présence ottomane en Algérie et le dialecte élevé au rang de patrimoine ; d'où justement le genre «aroubi» au centre du pays, dévié lui-même du genre sanaâ. C'est un genre porteur de la conscience nationale à travers l'expression musicale et artistique et que des associations feront revivre par leur interprétation de qacidate sous forme de noubate. Farid Khodja est conscient de l'importance de ce legs, lui qui a eu un oncle «spécialiste» du r'bab, instrument dont il a hérité et qu'il maîtrise à la perfection. Il reste, cependant, à organiser des journées de réflexion afin de mieux cerner l'héritage poétique du «haouzi», notamment sur sa grande valeur ethnohistorique. La langue du parler vivant du Maghreb révélera à coup sûr toute la part des arts et métiers ainsi que les traditions d'habillement et d'art culinaire dans les villes du Maghreb de l'époque. Un livre ouvert en quelque sorte avec des poésies narratives ! A. Mekfouldji