On rapporte qu'une épizootie frappe toute la région de Sour El-Ghozlane : c'est une sorte de gale, mais des plus virulentes qui soit, qui atteint la majorité des bêtes. Leur toison ou leurs poils tombent et leurs chairs sont mises à vif. Elles se roulent dans le sol, poussent des cris plaintifs et beaucoup meurent dans des souffrances indicibles... On essaye toutes les remèdes mais aucun ne semble efficace contre ce mal qui menace de décimer les troupeaux. C'est alors qu'un voyageur de passage donne ce conseil aux éleveurs : «Dans mon pays, on utilise contre ce mal, du goudron, qadran ! On en enduit les parties malades et les démangeaisons. En quelques jours, la peau se reconstitue et c'est la guérison !» Les gens du pays sont persuadés que l'étranger dit vrai, mais ils disent : «Nous ne connaissons pas le goudron.» Mais l'étranger est catégorique : — Eh bien, il faudra que vous vous en procuriez, et au plus vite, vu l'état de vos bêtes ! Autrement vous allez toutes les perdre ! — Il n'y a donc pas un autre moyen ? — Pas à ma connaissance ! Perdre leurs troupeaux, c'est la chose la plus terrible qui puisse arriver à ces pauvres gens, qui n'ont rien d'autre ! M. A. Haddadou