L'histoire du Mondial est jalonnée d'incidents politiques car, comme l'a dit Bill Shankly, entraîneur légendaire de Liverpool des années 1960 : «Certaines personnes pensent que le football est une question de vie ou de mort. Elles se trompent. Je pense que le football est beaucoup plus important que cela». 1934-1938 L'ère du fascisme l Benito Mussolini fait de l'accueil du tournoi de 1934 une opération de propagande. Les dignitaires du parti fasciste remplissent les stades et scandent «Italia ! Duce !». «Que Dieu les aide s'ils perdent», lance le dictateur au «commissaire unique» (sélectionneur) italien Vittorio Pozzo à propos de ses joueurs. Qui conquirent le titre. Soulagés. En 1938 en France, rebelote. Le Duce avait auparavant envoyé un télégramme au capitaine italien, Giuseppe Meazza, conclu par un comminatoire «vaincre ou mourir». L'équipe d'Allemagne, elle, qui a pillé la «Wunderteam» d'Autriche après l'Anschluss (rattachement) en mars, est éliminée dès le premier tour. 1966 Le drapeau et l'hymne de la Corée du Nord l Le Royaume-Uni n'a toujours pas établi de relations diplomatiques avec le régime de Pyongyang depuis la Guerre de Corée (1950-1953) et le ministère britannique des Affaires étrangères refuse d'abord de délivrer des visas aux Nord-Coréens. La Fifa menace de retirer l'organisation du tournoi à l'Angleterre. Un compromis est trouvé: l'hymne de la Corée du Nord ne doit pas retentir ni son drapeau flotter au vent. Il est décidé qu'hymnes et drapeaux n'apparaîtront que pour le match d'ouverture et la finale, auxquels la sélection nord-coréenne ne participe pas. 1974 RDA-RFA, entre cousins germains l Pour la première et dernière fois en 45 ans de séparation allemande, la RFA et la RDA s'affrontent sur un terrain, ce 22 juin à Hambourg, lors du 1er tour. Et, contre toute attente, c'est l'Allemagne de l'Est qui l'emporte, 1-0 (but de Jürgen Sparwasser à la 77e minute). Pour ne pas heurter les sensibilités politiques, les joueurs n'osent pas procéder au traditionnel échange de maillots sur le terrain après le coup de sifflet final. Ils le feront à l'abri des caméras. 1978 Cruyff contraint de boycotter l Faut-il participer à un Mondial dans une Argentine sous un joug militaire ? Les sélections qualifiées décident finalement d'y aller. Seul le triple Ballon d'Or néerlandais Johan Cruyff boycotte le tournoi. Trente ans plus tard, il révèle qu'il y avait en fait renoncé après avoir été victime d'une séquestration. 1982 Le Cheikh vous salue bien l France-Koweït (1er tour), 80e minute. Alain Giresse inscrit le 4e but français. Les joueurs koweïtiens se précipitent alors vers l'arbitre soviétique, Miroslav Stupar : un coup de sifflet venu des tribunes les aurait perturbés... Le cheikh Fahid Al-Ahmad Al-Sabah, frère de l'émir du Koweït et président de la fédération nationale, ordonne à ses joueurs de quitter la pelouse, avant d'y descendre lui-même. L'arbitre, loin de faire opposition au cheikh, invalide le but ! Le match reprend par une balle à terre. Maxime Bossis marque finalement un nouveau but, à la 90e minute (4-1). Validé, celui-là ! 1986 Argentine-Angleterre ravive la guerre des Malouines l Quatre ans après la guerre des Malouines entre l'Argentine et l'Angleterre, les supporters argentins exhibent à chaque match des banderoles «Les Malouines sont argentines» et les accompagnent de chants nationalistes appelant à «tuer les Anglais». En marge du quart de finale opposant les deux sélections à Mexico, des affrontements éclatent entre ultras des deux camps, qui font plusieurs dizaines de blessés légers ou graves. Diego Maradona lui-même, auteur d'un fameux doublé («main de Dieu» puis «but du siècle») avouera : «C'était une finale pour nous. Il n'était pas question de gagner un match, il s'agissait d'éliminer les Anglais». 1998 L'Iran et les USA s'expliquent sur un terrain l Le tirage au sort met aux prises dès le premier tour deux nations aux relations très tendues : les Etats-Unis et l'Iran. La police française est sur ses gardes mais le match, remporté par les Iraniens (2-1), se déroule finalement dans une ambiance pacifique, les joueurs posant même ensemble pour la photo.