Il estime que les compétences locales sont en mesure de prendre les destinées de la barre technique algérienne. L'entraîneur algérien, Azzedine Aït Djoudi, qui est devenu «consultant» de la chaîne de télévision tunisienne, Nessma au cours de ce Mondial 2010, a bien voulu répondre aux questions de L'Expression, livrant ainsi ses impressions sur les prestations des Verts, tout en évoquant le futur de la sélection algérienne. L'Expression: Quels sont les enseignements à tirer des prestations des Verts dans ce Mondial 2010? Azzedine Aït Djoudi: Sincèrement, il est vraiment dommage que les enseignements tirés de la dernière Coupe d' Afrique des nations n'aient pas été pris en considération par le staff technique. Et c'est ainsi que les mêmes erreurs ont été commises dans ce Mondial. Pouvez-vous citer quelques exemples de ces enseignements? D'abord, il y a les enseignements concernant la préparation des joueurs. Avec des joueurs blessés, la préparation n'a pas donné ce qu'on escomptait sur le plan efficacité dans la préparation. Il y a également ce petit problème de choix des 23 joueurs et dont les 11 rentrants. On remarque souvent des contradictions. Ce qui ne nous a pas permis de profiter des potentialités de l'équipe. Et comment voyez-vous donc le futur de ces joueurs de la sélection nationale? Ça ne va certainement pas être facile. Beaucoup pensent que nous avons gagné une équipe, mais ça ne serait pas facile de la sauvegarder. Si on avait créé un exploit, on se serait dit, certes, qu'on a gagné quelque chose, mais ce n'est pas le cas. Je pense qu'il faut se mettre à l'évidence qu'il y a un manque flagrant de travail avec le ballon dans cette Equipe nationale. Cela concerne aussi bien l'organisation du jeu que le positionnement des joueurs ainsi que leur placement. Et il y a eu également un problème de coaching qui est très important dans une équipe. Il est vrai que la sélection nationale a effectué de belles prestations, mais elle a bien montré ses limites dans le sens de la tactique offensive. Vous pensez donc qu'on aurait des difficultés dans les prochains matchs? Certainement. Aujourd'hui, à la lecture des adversaires, on se voit bien forts. Mais, il faut faire très attention, pour la simple raison que l'on risque de terminer tous nos matchs sur des scores nuls (0-0). Nos adversaires vont certainement prôner le jeu à la défensive et comme on n'arrive toujours pas à marquer, le résultat nul est donc des plus envisageables. Où se situerait donc la solution? Dans le coaching. Est-ce à dire qu'il faut changer de staff technique? Je pense que c'est une fierté que d'avoir un entraîneur algérien au sein de la sélection nationale, mais je dois préciser qu'il y a beaucoup d'autres entraîneurs locaux qui sont capables de ramener le plus qu'il faut à cette sélection. On va donc pleurnicher, qu'il y a deux années, l'équipe était délaissée. Mais, moi, je rétorque que jamais l'Equipe nationale n'a été délaissée. Il s'avère, certes, qu'il n'y avait pas les moyens et les staffs travaillaient alors avec les moyens du bord. Seulement, cette fois-ci, les moyens existent bel et bien. De plus, la sélection algérienne bénéficie actuellement d'une formidable publicité dans la perspective de suivre cette équipe. Il reste donc que le staff technique doit être désormais étoffé et bien compétent. L'Equipe nationale a donné une certaine satisfaction, mais maintenant que le Mondial est fini pour nous, il faut bien être sportif et faire son autocritique. Tout le monde se pose la question sur le futur staff technique. Il faut se demander le pourquoi? Et la réponse selon vous...? Il faut d'abord se poser la question suivante: la Fédération a-t-elle eu une stratégie pour la direction technique nationale? Je ne pense pas, car si tel était le cas, la question ne se poserait même pas, car la continuité serait des plus normales comme c'est le cas dans les pays qui se respectent. Pour être plus explicite, des exemples sont simples à citer pour saisir le sens de la politique à choisir. Il y a 24 ans qu'on n'a pas participé à un Mondial, et voilà qu'on y est. Mais sans stratégie. On devrait travailler, car le football est devenu «une guerre». Il ne faut pas voir un ou deux matchs d'un adversaire pour pouvoir le battre. Mais, il faut aller voir comment travaillent les spécialistes avant d'arriver au Mondial. Il faut apprendre des expériences des autres avant d'arriver au Mondial. Il faut suivre l'évolution des équipes et du football. Et il faut donc une vraie stratégie fédérale pour que notre football se développe davantage. En guise de conclusion, pouvez-vous nous toucher un mot sur le Ghana, seul pays africain qualifié en quarts de finale de ce Mondial? Ce n'est vraiment pas une surprise de voir le Ghana en quarts de finale. C'est le résultat d'un travail avec les jeunes -17 et -20 ans. Il y a eu un travail de fond avec des jeunes champions...