En attendant l'heure des bilans de la participation de notre Equipe nationale au Mondial sud-africain, avec froideur et lucidité, laissons-nous entraîner dans certaines vagues de satisfaction à commencer par la plus grande : Raïs Mbolhi Ouhab. Ce gardien que tous les Algériens ont découvert pour la première fois lors du match amical face à l'Eire le 28 mai dernier à Dublin lorsqu'il a pris la place de celui qui était le numéro un, Fawzi Chaouchi. Mais ce dernier laisse passer sa chance, malgré une bonne entame lors du match contre la Slovénie, en commettant une boulette qui lui coûtera sa place lors de la seconde rencontre face aux redoutables Anglais. Et là, pour sa première titularisation en match officiel, Mbolhi a ébahi et subjugué tous les observateurs et plus particulièrement les supporters des Verts. En l'espace de quatre-vingt-dix minutes, l'enfant de Paris, né d'une mère algérienne et d'un père congolais, relègue Chaouchi au statut de remplaçant, malgré tout le talent et le potentiel de ce dernier. Il faut dire que Mbolhi a montré des qualités indéniables de grand gardien à travers sa prestation face à l'Angleterre, ses placements, ses prises de balle, sa sobriété, son calme, sa sérénité et son assurance. En le regardant régner sur sa surface, on pouvait croire que Mbolhi était avec les Verts depuis des années. Pourtant, face aux Américains, il effectuera son second match et quel match ! Dans le rituel sondage quotidien de la FIFA, Mbolhi a non seulement terminé dans l'équipe type de la journée d'hier, mais il est le seul à avoir récolté la note maximale de dix sur dix, c'est dire la performance époustouflante de ce joueur qui a débuté sa carrière au Racing Club de Paris avant d'aller poursuivre sa formation à l'Olympique de Marseille. Mbolhi a même fait sept apparitions en sélections françaises des moins de 16 et 17 ans entre 2001 et 2003, mais ce jeune et prometteur gardien n'est pas du genre sédentaire puisque, une fois ses classes terminées à l'OM, il prend son baluchon et entame un voyage initiatique qui l'emmènera en Ecosse d'abord, au club de Heart off Midlothian où il ne disputera aucun match, puis en Grèce, à l'Ethnikos Piraeus et au Panetolikos de 2006 à 2008. Toujours avide d'aventures, de nouvelles sensations et surtout de temps de jeu, Mbolhi fait l'expérience du championnat japonais de seconde division avec le FC Ryukyu durant la saison 2008/2009 avant de passer en Bulgarie, au Slavia Sofia, club où ira le chercher Rabah Saâdane. En moins d'une saison, ce garçon au gabarit imposant et au teint vraiment basané, est désigné meilleur gardien du championnat bulgare, ce qui le met sous les feux de la rampe, dont ceux du grand Manchester United qui l'a invité, en mai dernier, à des essais qui risquent d'être concluants. Et c'est durant le printemps 2010 que les Algériens font connaissance avec cet inconnu gardien au nom curieux, qui aurait pu venir bien avant chez les Verts de moins de 23 ans si son club de l'époque, l'Olympique de Marseille, l'avait libéré. Ce n'est que partie remise puisque Mbolhi est retenu sur la liste des 25 de Rabah Saâdane pour le stage de préparation avant qu'il ne soit choisi comme second gardien, derrière Chaouchi et devant Gaouaoui. La suite est alors sensationnelle pour cet homme qui se dit «Algérien à 100%» et qui a gagné le cœur de tout un peuple en l'espace de deux rencontres. Le destin fabuleux de Mbolhi est celui d'un jeune homme qui a su être patient, qui a travaillé dur, qui a sué dans l'ombre, qui n'a pas hésité à s'expatrier pour faire son apprentissage pour enfin se voir récompensé par une sélection chez les Verts. Aujourd'hui, l'Algérie peut se targuer de posséder deux superbes gardiens, Mbolhi et Chaouchi, auxquels il faudra ajouter Zemmamouche pour s'assurer un avenir radieux et une ère qui sera faite, espérons-le, de consécrations. Les éliminatoires de la CAN-2012 c'est déjà dans trois mois et la concurrence sera encore très rude pour des places de titulaires entre des joueurs qui auront soif de porter le maillot algérien, dont le nouveau Raïs qui sera difficile à déloger de son poste de number one. Lui qui a été le meilleur algérien au Mondial-2010.