Talent n Faouzi Ben Brahim, diplômé cette année de l'Ismas, est un jeune metteur en scène. Il se révèle par son dynamisme et son ambition comme un metteur en scène prometteur et aussi comme une relève assurée du théâtre algérien. Il a été repéré, lors de la tenue de la 5e édition du Festival national du théâtre professionnel, en présentant, en off, Arrêt fixe, un texte de M'hamed Benguettaf. Il était d'ailleurs le plus jeune metteur en scène ayant participé au festival. Sa participation s'avère un acte de courage et d'audace. Courage, parce qu'il est jeune et il s'est engagé dans un travail de mise en scène du texte de l'un des noms ayant marqué le théâtre algérien. Audace, parce qu'il a osé apporter une touche personnelle. «Ma participation au festival a été une belle aventure, mais aussi une expérience intéressante», dit-il, et de rétorquer : «Intéressante, parce qu'elle m'a permis, d'une part, de montrer mon travail (cela a été une occasion de faire valoir son talent, puisqu'il en est doté ) et, d'autre part, de dire, et ce, à travers mon travail qu'il existe de jeunes gens capables de présenter et d'offrir au public un produit théâtral de qualité.» C'est pour cette raison que Faouzi Ben Brahim insiste sur le fait que «le festival se présente comme une tribune pour révéler et soutenir les jeunes talents aux capacités de travail et de création intéressantes». Interrogé sur le choix du texte mis en scène, Faouzi Ben Brahim dira : «En fait, cela entre dans le cadre d'un travail de fin d'études, à l'issue duquel j'ai obtenu mon diplôme, et j'ai tenu à le présenter au grand public à l'occasion du festival.» «J'ai découvert le texte, poursuit-il, lorsque j'ai travaillé comme assistant metteur en scène de Ivan Romeuf (un metteur en scène français qui a repris et adapté le texte sur les planches). C'est là que j'ai commencé à avoir une approche directe et personnelle avec le texte et à le découvrir plus en profondeur et de façon réfléchie. Son écriture et les personnages qui l'habitent ont aussitôt attiré mon attention. Cela m'a incité à m'emparer du texte, à me l'approprier pour en faire une pièce.» La charge émotionnelle qui s'en dégage ainsi que le discours, qu'il soit direct ou indirect, qui structure le texte, et auquel s'ajoutent la composition des personnages (caractère, psychologie, imaginaire…) et la symbolique qui l'anime, tout cela a suscité l'intérêt du jeune metteur en scène, de nature curieuse et méthodologique. Intérêt à l'issue duquel Arrêt fixe est monté (par un jeune) à nouveau sur scène. Ainsi, Faouzi Ben Brahim reprend le texte, lui confère une esthétique nouvelle et pratique, et ce, à travers notamment une scénographie franche et fonctionnelle s'appuyant surtout sur la symboliques des objets – et accessoires – mis en espace, disposés, çà et là, sur la scène. l Arrêt fixe est l'histoire d'un prisonnier, Abdelkader, et de Messaoud, le gardien de prison. Le premier est le prisonnier officiel du second, et le second est le gardien officiel du premier. Tous deux, et pendant trente ans, entretiennent au quotidien une relation d'amitié, mais il se trouve qu'ils ne se connaissent pas. Ils se parlent, mais ils ne se disent pas. Ils se parlent, mais ils ne se racontent pas. Ils sont là à se fréquenter tous les jours, à jouer au jeu de dames, mais ils sont loin de se connaître mutuellement. Ils sont tous deux étrangers l'un à l'autre. Arrêt fixe est une pièce racontant deux protagonistes : l'un est prisonnier pour ses idées, l'autre l'est de son devoir. Arrêt fixe est une pièce tout en tension. Elle nous donne à voir le rapport de l'intellectuel à l'autorité, donc à l'Etat. Abdelkader a été emprisonné au lendemain de l'indépendance pour avoir crié tout haut ses idées, pour s'être opposé à l'autorité.