Comme en 2006, la Côte d'Ivoire, arrivée au Mondial porteuse d'espoirs démesurés, a été éliminée dès le premier tour, la faute à une préparation complètement improvisée, marquée par le recrutement au tout dernier moment du sélectionneur Sven-Göran Eriksson. Encore tombés dans le «groupe de la mort», les Eléphants ont dû affronter deux gros d'entrée et ils n'ont pas eu de marge de manoeuvre pour entrer doucement dans la compétition. Au moins ont-ils pris un point (0-0 contre le Portugal), contre zéro en Allemagne en 2006 (deux défaites 2-1 contre Argentine et Pays-Bas). Et ils ont fini sur un baroud d'honneur, une victoire insuffisante (3-0) contre la Corée du Nord, comme ils avaient battu la Serbie-Monténégro il y a quatre ans. Mais le péché originel, c'est le recrutement le 28 mars du coach, le Suédois Sven-Göran Eriksson. Jacques Anouma, l'avisé président de la Fédération qui est pour beaucoup dans la progression des Eléphants (il était notamment allé séduire Drogba en France), a pourtant cédé sous la pression populaire, licenciant Vahid Halilhodzic après la CAN en janvier (quart de finaliste). Sort cruel pour le Bosniaque, qui n'avait perdu qu'un seul de ses 24 matches à la tête de la sélection! Décision d'autant plus improductive qu'il semble bien que ce soit la base de son travail défensif qui ait permis à la Côte d'Ivoire de résister au Portugal... Connaissant mal le groupe, que « Coach Vahid » mettait en place depuis mai 2008, Eriksson s'est fié à la réputation des joueurs plutôt qu'à ce qu'ils faisaient à l'entraînement. Il s'est par exemple entêté en plaçant Aruna Dindane milieu droit plutôt que Gervinho, bien plus saignant. Et l'attente démesurée autour des Eléphants n'a évidemment rien arrangé. "Petit équipe, encore rien gagné!" Le gimmick que répétait Halilhodzic n'a jamais été sérieusement écouté au pays. On continuait à faire de cette équipe un outsider... pour la victoire finale dans la première Coupe du monde africaine. Avec cette pression sur les épaules, les Eléphants ne pouvaient que décevoir. Leur guide, capitaine, buteur et meilleur joueur, Didier Drogba, s'est pourtant sacrifié: il a joué avec un cubitus fracturé, au péril de sa santé. Il a d'ailleurs marqué le seul but d'un Africain en Coupe du monde contre le Brésil. Il a aussi conduit son équipe dans la quête de l'improbable exploit contre la Corée du Nord (remonter une différence de 9 buts), mais ça n'a pas suffi. La Côte d'Ivoire n'était pas - encore - assez forte. Eriksson : «L'avenir est brillant» l Sven-Goran Eriksson avait accepté la mission de devenir le sélectionneur des Ivoiriens le temps de la Coupe du monde. Au moment de tirer des bilans encore chaud, le Suédois complimente le potentiel de cette équipe avec qui il s'est beaucoup plu. "On s'est créé beaucoup d'occasions, et je ne peux pas être négatif sur ce match, au contraire. La Côte d'Ivoire a une belle équipe et un très bel avenir. Il est impossible qu'il n'en soit pas ainsi. Il y a des jeunes pleins de talent qui montent, qui poussent derrière. Dans quatre ans, pour la prochaine Coupe du monde, ils seront là mais il restera aussi plusieurs des joueurs qui étaient là cette année. Donc je pense que l'avenir est brillant," a déclaré le sélectionneur des Elephants après le match face aux Chollima (3-0). S'il regrette juste que son équipe n'ait pas pu marquer un but face au Portugal, il dit avoir "passé des semaines fantastiques avec cette équipe" qu'il quitte à l'issue de ce Mondial avorté, peut-être trop tôt. Drogba : «Nous sommes déçus» l Malgré son large succès sur la modeste formation nord-coréenne, la Côte d'Ivoire doit dire adieu à la Coupe du monde dès le premier tour. Une déception pour son capitaine, Didier Drogba. (Avec RMC): "On a fait le maximum pour sortir de ce groupe. Mais le classement FIFA a été respecté. On est déçu. Dans notre équipe, on a de très bons joueurs. On a montré dans les matches qu'on pouvait jouer contre eux. J'ai un petit regret surtout contre le Portugal. On aurait pu marquer un but. En 2006, déjà on tombe dans un groupe énorme (NDLR : Argentine, Serbie et Pays-Bas). Si le groupe avait été moins fort, on aurait pu aller au bout. Je suis déjà très content d'avoir disputé ma deuxième Coupe du monde d'affilée. C'est une première pour moi comme pour mon pays. C'est fantastique. Avant on n'y avait jamais été. C'est un rêve pour toute la nation."