Résumé de la 1re partie n Wilhelm Herring signale à la police le corps d'une femme qu'il a trouvé en travers de la route… Une balle qui pourrait être du calibre de celle qui a été découverte dans la terre. Et en examinant plus avant le crâne de la victime on découvre dans son chignon la trace de sortie du projectile. — C'est bizarre qu'un projectile de ce calibre ne soit pas allé se perdre à plus de cinq mètres de la morte... Mais nous sommes en 1919 et la balistique en est encore à ses balbutiements. Qui peut bien être la morte ? On n'a pas trop de mal à l'identifier. C'est une figure connue du village : Anna Schneider, qui vit avec ses parents dans une petite maison de Coeppel et qui travaille, trois kilomètres plus loin, dans la fabrique de porcelaine de Zwolle. Une sage jeune fille sans histoires, bien élevée, bonne camarade, sérieuse. Elle est fiancée à un géant roux, un marin, qui est pour l'instant en mer. La presse se fait largement l'écho de l'affaire et relate aussi l'étrange découverte de l'oiseau mort, une sorte de choucas. Quelqu'un a examiné le volatile et déclaré que le choucas est mort d'une indigestion de sang. Aussitôt d'innombrables lettres arrivent au journal, en majorité féminines, pour protester contre l'infâme accusation qui souille la mémoire du choucas : «Monsieur, je m'indigne de vos affirmations : jamais un tel animal ne se gorgerait de sang humain et en tout cas pas au point d'en crever. Signé : une amie des oiseaux.» Beaucoup moins de courrier pour s'inquiéter du triste destin de la victime... On interroge ses parents, écrasés de chagrin : — A six heures et demie, quand elle est rentrée de l'usine, elle a repris son vélo pour aller rendre une petite visite à son oncle, à sept kilomètres d'ici. C'est le frère de sa mère, Pete Boorman. Nous ne l'avons pas revue vivante. L'oncle Boorman confirme : — Elle est arrivée vers dix-neuf heures. Par la fenêtre, j'ai vu qu'elle était en compagnie d'un homme jeune, à bicyclette lui aussi. Mais il n'est pas entré dans la maison. Quand je lui ai demandé qui était ce garçon elle m'a répondu : «Un jeune homme qui venait par ici. J'ignore son nom.» Les affirmations de l'oncle Boorman sont confirmées par son beau-fils, Joss. — Oui, Anna est restée environ une heure avec nous. Puis, elle est repartie. Mais bizarrement, dès qu'elle est sortie de la maison le jeune homme inconnu est à nouveau apparu, comme s'il l'attendait. Il avait d'ailleurs une bicyclette bleue. L'oncle ajoute : — Elle n'avait pas l'air surprise de le voir à nouveau. Il a dit quelque chose à Anna, du genre : «Anna, vous êtes restée bien longtemps. Je pensais que vous étiez repartie sans que je vous voie.» Et ils sont repartis tous les deux dans la direction de Coeppel. Il était huit heures passées mais la lumière du jour était encore vive. C'est trois quarts d'heure plus tard que Herring et sa jument ont buté sur le corps encore chaud d'Anna, sans se douter qu'un oiseau venait de se repaître du sang de la morte. Cette bicyclette bleue de l'inconnu intéresse beaucoup la police et, méthodiquement, tous les propriétaires de bicyclette bleue dans un rayon de cent kilomètres vont devoir venir s'expliquer sur leur emploi du temps ce soir-là. — Connaissez-vous quelqu'un qui ressemble au jeune homme à la bicyclette ? Avez-vous prêté votre bicyclette à quelqu'un correspondant à sa description ? Ceux des cyclistes qui ressemblent plus ou moins à la description du jeune homme sont, pendant plusieurs semaines, regardés d'un drôle d'air par leur entourage. (à suivre...)