Récit n L'opération est l'aboutissement de près de dix ans d'enquête du FBI. Selon la police, il s'agissait de s'immerger dans la société afin d'«obtenir des informations» en «infiltrant les cercles politiques américains». Après avoir été entraînés par le SVR, le renseignement russe, «les agents secrets se voyaient remettre une fausse identité - appelée ‘'légende''», raconte la police. «Les agents opéraient souvent par deux, de telle sorte qu'ils pouvaient se faire passer pour un couple marié (...) et avaient souvent des enfants afin d'approfondir la ‘'légende''.» Parmi ces fausses identités, l'un des hommes arrêtés possédait un acte de naissance authentique mais appartenant, selon le FBI, à un Canadien mort en 2005. Avant de procéder au coup de filet, le FBI s'est introduit clandestinement dans les appartements occupés par ces «espions», à New York, Boston ou Seattle, pour prendre des photos ou copier des disques durs, les a suivis, surveillés, écoutés et lus et leur a même parlé sous le couvert d'être des agents du gouvernement russe. Les enquêteurs ont découvert un arsenal de moyens de communications, comme une technique de codage de données dans des photos ensuite diffusées sur des sites internet anodins, ou des radios à ondes courtes pour contacter directement Moscou. «Les radiogrammes étaient en général similaires à des communications en morse», explique le FBI. Deux des agents utilisaient aussi un circuit Internet fermé pour communiquer avec les Russes. Assise dans une librairie-café, une agente se branchait par exemple sur son ordinateur portable et envoyait des informations reçues par un représentant du gouvernement russe caché à l'intérieur d'une camionnette garée de l'autre côté de la rue. Les agents secrets échangeaient des sacs remplis d'argent dans des escaliers de gare, des parcs publics ou des cafés. Dans un cas, une partie de l'argent a été enterrée. «Environ deux ans plus tard (...), les suspects de Seattle sont revenus à New York et ont récupéré l'argent», explique le FBI, ajoutant que les agents se sont ensuite, selon les images d'une caméra cachée dans leur chambre d'hôtel, composé «une ceinture de billets» et ont «réparti le reste entre plusieurs portefeuilles». Malgré ces subterfuges, les résultats décrits par le FBI sont restés peu concluants en terme d'informations recueillies. Appelées «perroquet», «chat» ou «fermier», les cibles avec lesquelles les agents ont été en contact pouvaient être un «ancien conseiller auprès d'un parlementaire» ou «un haut responsable financier de New York». Mais la teneur des informations recueillies semble avoir été ténue. Moscou veut des explications l Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré aujourd'hui, mardi, selon l'agence Interfax, que Moscou attendait des explications après l'annonce de l'arrestation aux Etats-Unis d'espions russes présumés. «On ne nous a pas expliqué de quoi il est question. J'espère qu'on nous l'expliquera», a déclaré M.Lavrov depuis Jérusalem où il est en visite.Il a aussi ironisé sur le calendrier de l'annonce de l'arrestation des dix espions présumés, celle-ci intervenant quelques jours seulement après une visite aux Etats-Unis du Président Dmitri Medvedev qui mène avec son homologue Barack Obama une politique de relance des relations russo-américaines. «Le moment, où cela a été fait, a été choisi avec une élégance particulière», a relevé le chef de la diplomatie russe. Plus tôt, le ministère russe des Affaires étrangères avait jugé qu'il y avait «beaucoup de contradictions» dans les informations sur l'arrestation aux Etats-Unis d'agents présumés du SVR.