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Histoires vraies
Mort d'un choucas (5e partie et fin)
Publié dans Info Soir le 30 - 06 - 2010

Résumé de la 4e partie n Van Meulen reconnaît qu'il a rencontré Anna. Ils ont fait un bout de route ensemble tout en bavardant gentiment, c'est tout…
Depuis, je n'ai jamais touché d'arme à feu.» - Me Schippers saisit la balle au bond, c'est le cas de le dire.
— D'ailleurs, personne n'a pu prouver que la balle qui a traversé le crâne de la malheureuse Anna était bien celle trouvée sur le bord de la route, ni même qu'Anna ait été tuée par un calibre de 11,5 mm. Comment expliquer que cette balle se soit retrouvée si près du corps ? Et si Anna, après avoir pris congé de George Van Meulen ce soir-là, avait tout simplement été abattue par un chasseur ou un braconnier maladroit ?
La partie adverse revient à l'attaque :
— Pourtant vous l'avez attendue pendant une heure. Pour quelle raison ?
— Je la trouvais charmante et la nuit tombait. Je voulais lui servir d'escorte.
Le jury se retire pour délibérer. Trois jurés sur douze pensent que George Van Meulen est vraisemblablement coupable. Les autres estiment qu'il n'y a pas de preuve flagrante, malgré les mensonges de l'inculpé.
Enfin, le jury remet sa décision. George Van Meulen est acquitté. On ne pouvait pas condamner un si gentil professeur de musique et un héros rentré de la guerre sur une civière et couvert de médailles.
Qu'en aurait-il été si les soupçons s'étaient portés sur un cheminot ou un vagabond quelconque ? La balance aurait penché dans l'autre sens. Personne n'a évoqué, et l'avocat de la défense moins que tout autre, l'hypothèse d'un crime commis sous l'empire de la folie.
Personne n'ose imaginer que George Van Meulen, commotionné par l'explosion de l'obus à ses pieds, a passé plusieurs semaines à l'hôpital, chouchouté et choyé par de charmantes infirmières. Et s'il était tombé amoureux d'une de ces infirmières ? Et si elle l'avait gentiment mais fermement repoussé, lui interdisant tout espoir ?
George Van Meulen, de sensibilité délicate, aurait pu revenir de la guerre non seulement blessé dans sa chair mais encore blessé psychologiquement d'avoir été repoussé. De là, une sorte de haine latente pour les femmes et plus particulièrement pour la première qui lui dirait «non» à nouveau.
Qui sait ? Anna ressemblait peut-être d'assez près à l'infirmière. Peut-être, malgré l'opinion de ses parents, de ses amis, de ses collègues et de son fiancé, connaissait-elle George Van Meulen un peu mieux qu'elle ne le prétendait. Souvent femme varie, même en Hollande. Personne n'a pu faire d'enquête de ce côté-là.
Une fois la chose jugée, une question a continué à préoccuper les amis des bêtes : de quoi était donc mort le choucas ?


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