Echec n La conférence sur le commerce des espèces sauvages menacées a rejeté, au mois de mars à Doha, une proposition visant à suspendre les exportations de thon rouge. La principauté de Monaco avait proposé d'inscrire cette espèce de thon à haute valeur commerciale à l'Annexe I de la convention internationale sur le commerce des espèces sauvages menacées (Cites). L'inscription de cette espèce à l'annexe I de ladite convention, qui interdit le commerce international des espèces menacées, permettra de protéger le thon rouge qui est victime de la surpêche. L'annexe II, quant à elle, impose un contrôle strict du commerce qui doit s'accompagner du permis d'exporter. La proposition a été donc rejetée par 68 voix contre 20 favorables et 30 abstentions. En outre, la proposition européenne qui prévoyait un délai d'inscription à l'Annexe I a également été rejetée par 72 voix contre 43 et 24 abstentions. Dans ce contexte, il faut dire que le Japon, qui consomme 80% du thon rouge pêché, a pesé de tout son poids pour rejeter cette proposition, et il a été largement suivi et soutenu par les pays en développement notamment la Chine. Bien que cette dernière n'ait pas annoncé officiellement sa position, elle avait pratiqué un lobbying actif auprès des autres pays pour qu'ils s'opposent à la suspension des exportations de ce poisson, avait déclaré le ministre japonais de l'agriculture. Car, il faut bien le souligner, l'inscription du thon rouge à l'Annexe I de cette convention signifie la fin des exportations de cette espèce, et c'est ce qui n'arrange guère le Japon. «Nous ferons de notre mieux pour empêcher la suspension des exportations», avait insisté le ministre japonais de l'agriculture et de la Pêche, Hirotaka Akamatsu. L'archipel est contre toute interdiction totale, prônant un «contrôle de la ressource» via une pêche adaptée. Le représentant du Japon, Masanori Miyahara, s'est dit «satisfait» à l'issue du vote. «Nous nous sommes engagés en novembre à assurer le renouvellement des stocks (de thon rouge) par des mesures spécifiques et de nouvelles restrictions sur les quotas», avait-il souligné. De leurs côtés, les partisans de l'interdiction du commerce de thon rouge se sont dit «déçus» du rejet de la proposition. «C'est très décevant et très irresponsable», a jugé la directrice des politiques internationales du PEW Environnement Group, basé à Washington. Elle a regretté que «l'avenir du thon rouge soit désormais renvoyé dans les mains de l'Iccat», la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique, qui réunit les pays pêcheurs. «Mais même si la Cites a échoué, elle a envoyé un message qui a eu pour effet de renforcer la surveillance et le contrôle», estime, pour sa part, le vice-président de la fédération France nature environnement (FNE).