Péripéties n Le bihebdomadaire français France Football avait choisi Karim Matmour pour raconter les coulisses des Verts durant la Coupe du monde-2010 en Afrique du Sud. Maintenant que la Coupe du monde est bien terminée pour les Verts, qui attendent le nom du prochain sélectionneur en remplacement de Rabah Saâdane, qui risque de poursuivre sa mission à la tête de l'Equipe nationale. Mais en attendant que la Fédération algérienne de football mette fin au suspense qui tient en haleine tout le pays, retour sur l'aventure sud-africaine à travers le témoignage de l'un des joueurs algériens, en l'occurrence Karim Matmour, qui a animé une espèce de carnet de voyage dans le bihebdomadaire France Football. Pour les lecteurs d'InfoSoir, nous avons choisi quatre tranches de ce témoignage et des confessions qui ne cachent pas l'envie de Matmour de vivre un autre Mondial. Le fait «Nous avons tous très mal vécu le forfait de Meghni» «Ce n'est plus un rêve, c'est ma réalité. Bientôt l'Afrique du Sud, l'adrénaline de la compétition, les Gerrard ou Rooney, j'ai envie de tout donner pour mon pays et revenir sans regret. Nous venons de passer quinze jours de préparation en Suisse, à Crans-Montana. L'ambiance était au top. Encore une fois, nos supporters étaient au rendez-vous. Nous nous sommes même entraînés une fois devant 5 000 personnes. La police suisse a été complètement débordée. L'un des policiers est venu me voir, il était complètement halluciné. Connaissant la passion de notre public, je n'étais pas surpris. Déjà, à Khartoum, contre l'Egypte, ils étaient 15 000, ce n'était pas la Suisse qui allait refroidir leurs ardeurs. Certains ont fait le déplacement depuis la région parisienne et ont dormi pendant plusieurs jours dans leur véhicule. En général, en fin de soirée, je descends saluer les plus courageux de nos fans. Seul bémol, nous avons tous très mal vécu le forfait de Mourad Meghni, ça a été un moment très pénible. Nous sommes comme une famille. Ce ne sont pas de vains mots. J'ai pris le temps d'aller le voir personnellement et de lui glisser quelques mots… Comme on dit chez nous, c'est le mektoub (le destin, en arabe).» L'hommage «L'Afrique du Sud, c'est un homme : Mandela» «L'Afrique du Sud, c'est une histoire forte. Celle de l'apartheid, mais aussi celle d'un grand homme : Mandela. On doit être exemplaire pour toutes ces raisons. Le voyage s'est bien passé, un truc en particulier nous a tous fait plaisir. Notre avion a été décoré aux couleurs du drapeau algérien avec en inscription le slogan : «One, two, three, viva l'Algérie.» A l'arrivée, je n'ai pas eu de surprise particulière. L'Afrique du Sud, je connais. On était venu, l'année dernière, à la même saison. Déjà, à l'époque, j'avais été agréablement surpris par l'état des pelouses. On se croirait en Europe, et ça nous change des terrains qu'on rencontre en général sur le continent. Mais il reste un parfum dans l'air propre à l'Afrique. Quelque chose qu'on ne peut expliquer. Ici, on est installé dans la région du Kwazulu Natal et on bénéficie des meilleures conditions. Avant les matches, je n'ai pas de rituel, juste quelques trucs à moi. Un peu comme les Brésiliens, certains sont plus spirituels. Mais on ne veut pas en parler. C'est quelque chose de très personnel. Sinon, le soir, rien de nouveau … ça déroule du DVD. J'en ai apporté cinquante … Pas sûr que j'aie le temps de tous les regarder (rires). » La colère «Nous n'avons pas du tout apprécié les propos de Libération» «J'ai reçu par email l'article de Libération sur notre prestation contre la Slovénie. J'ai trouvé le traitement très limite. Mes coéquipiers et moi n'avons pas du tout apprécié. Qu'on nous critique sur nos performances, on l'accepte. Croyez-moi, avec la presse algérienne, nous sommes servis. Mais la grosse différence, c'est qu'eux ne parlent que de football. Les propos «clichés» de Libé comme «bledards» ou vigiles de boîtes de nuit, qui renvoient à nos origines ou à notre physique, on ne peut pas les cautionner. Maintenant, je sais qu'ils se sont excusés. Je pense qu'ils ont compris qu'ils étaient allés trop loin. Sinon, mes activités sont toujours un peu les mêmes. J'enchaîne les DVD et les matchs à la télé. Je suis souvent avec Rafik Halliche car on a un peu le même caractère : calme et attentif. Sur la compétition, je trouve que les équipes jouent de manière très fermée. En revanche, je ne suis pas d'accord sur la polémique à propos du Jabulani. J'ai eu l'occasion de l'utiliser en Bundesliga et je ne crois pas au changement de direction subite. Ce sont juste les stries qui créent un effet d'optique. Quant aux Vuvuzelas, je n'y prête même pas attention. Le folklore africain, je suis rodé …». Les regrets «Il fallait être plus ambitieux et moins nourrir de complexes d'infériorité» «J'ai envie de vivre un autre Mondial. Ce sont les premières pensées qui ont traversé mon esprit au coup de sifflet final. Juste après le match, dans le vestiaire, nous nous sommes dit nos quatre vérités. Personne n'a réellement pris la parole au nom du groupe, nous avons refait la compétition chacun dans son coin. Nous nous sommes dit unanimement qu'il fallait être plus ambitieux et moins nourrir de complexes d'infériorité. Nous avons clairement manqué d'expérience. Je crois que nous nous sommes sous-estimés, et cela a joué dans notre défaite contre la Slovénie. Le déclic, c'est ce match face aux Anglais. C'est terrible à dire, mais là, nous avons tous compris que nous avions largement le niveau. Chacun doit encore franchir les paliers en club, pour espérer être plus performant. Et nous les attaquants je sais que nous avons été l'objet de critiques. Sans chercher d'excuses, ni remettre en cause Rabah Saâdane, pour qui j'ai beaucoup de respect, je crois que c'était difficile pour nous. Nous nous sommes souvent retrouvés seuls ou à deux dans la surface. Là, je vais éteindre mon portable. Je vais fêter mon anniversaire avec ma famille en France (il est né le 25 juin 1985), et ensuite je pars en voyage de noces. Je me suis marié un peu avant le Mondial. Ne croyez pas que c'était prévu, je n'ai pas encore pris les billets et je ne connais même pas la destination … ».