Résumé de la 2e partie n On propose à Gavrano Milliosa de servir de doublure dans Hercule et les lions, mais ses lions le reconnaîtront-ils dans ce rôle… Que se passe-t-il dans la tête du fauve ? Croit-il en voyant ces plumes qu'il s'agit d'un oiseau, d'une sorte de volaille somptueuse ? Nul ne le saura jamais. Gavrano Milliosa eut à peine le temps de se mettre sur pied que déjà la lionne est sur lui. Déséquilibré, le dompteur fait un pas en arrière. Il s'empêtre dans les cothurnes qu'il n'a pas l'habitude de porter. Ceux qui sur la grue et dans les cintres surveillent la scène poussent un cri : — Attention ! Vite ! Sherwood, avec le réflexe du professionnel qui ne perd pas son sang-froid, lance : — Coupez ! En bas,Gavrano lutte pour sa vie. Il a déjà été blessé par des fauves mais il ne s'est jamais senti aussi près de la mort. Gloriana, qui est pourtant sa lionne préférée, Gloriana qui, chaque soir, se frotte amoureusement contre lui ne semble plus le reconnaître. Gavrano comprend qu'elle est désorientée. Rien ne l'arrêtera. Elle veut tuer... Hors du plateau, c'est la panique, car profitant du désordre, Anna, la plus jeune des lionnes, vient de sortir et elle jette la terreur sur le plateau. Maquilleuses, habilleuses, machinistes fuient en tous sens. L'assistant de Gavrano, Eusebio Marachin, est inconscient de ce qui se passe entre les lions et le dompteur. Il ne voit que la jeune lionne et se lance à sa poursuite en criant : — Ne l'approchez pas, je m'en occupe ! Ne l'approchez pas ! Pour fuir, quelqu'un a ouvert la porte du plateau. La lionne lui emboîte le pas... Gavrano, écrasé par le poids de Gloriana, voit les terribles crocs se rapprocher de sa gorge. Il comprend le danger : «Si elle m'attrape à la gorge, je suis fichu !» Alors, dans un énergique réflexe, Gavrano Milliosa glisse son avant-bras entre les mâchoires d'acier de la lionne. Un craquement sinistre se fait entendre mais personne ne le remarque. Déjà quelques personnes courageuses, guidées par Sherwood, ont fait un trou dans le décor. Munis de tout ce qui leur tombe sous la main (perches métalliques, marteaux) ils essayent de délivrer le malheureux dompteur. Un acteur italien frappe le crâne de la bête. Quand elle consent à reculer, une vision d'horreur saisit ceux qui peuvent l'apercevoir. Gloriana emporte l'avant-bras de Milliosa dans sa gueule. Sherwood hurle : — Sortez-le de là ! Vite ! Déjà une mare de sang inonde le sol autour de Milliosa. Le sang gicle de l'artère. Un machiniste, depuis les cintres, a le réflexe de saisir un filin de chanvre. Il fait un nœud coulant et le laisse descendre près du malheureux Gavrano. Sultan, Victor et Ricky, excités par l'odeur du sang, s'approchent dangereusement de celui qui, la veille encore, les faisait obéir au doigt et à l'œil. Gavrano, en voyant le nœud coulant tomber entre lui et les fauves, s'écrie : — J'ai compris ! Rassemblant toutes ses forces, le malheureux réussit à faire passer le nœud coulant autour de son buste, coincé sous le bras mutilé qui perd toujours son sang. Là-haut, dans les cintres, quatre machinistes, dès qu'il voient que Gavrano est pris dans le nœud coulant, s'arc-boutent. Le filin se tend, Gavrano est sur ses pieds qui le soutiennent à peine. Très vite les machinistes parviennent à le hisser hors de portée des fauves. Sultan tente de sauter pour lui saisir une jambe au passage, heureusement en vain. Dès que Gavrano est arrivé en haut du décor, les machinistes le déplacent latéralement pour le déposer hors de portée des fauves. Déjà, on entend la sirène d'une ambulance. Déjà le médecin de service pose un garrot sur le bras mutilé. Milliosa s'évanouit. Gloriana, dans le décor, est rendue folle par l'odeur du sang. Elle bondit et arrive sur le plateau. Un des gardes dégaine son revolver et lui tire une balle dans la patte avant. En rugissant Gloriana bondit à nouveau et rejoint les autres fauves. Sur son lit d'hôpital Gavrano explique : — Ce n'est pas la faute de Gloriana. Elle ne m'a pas reconnu à cause du costume. Elle n'a même pas reconnu mon odeur à cause du maquillage. J'étais entièrement recouvert de pancake pour imiter le bronzage. — Qu'allez-vous faire dorénavant ? — Je m'y remets dès que je serai sur pied. On me mettra une prothèse à la place du bras. De toutes les manières, je dompte en douceur. Comment vont les bêtes ? — Gloriana a été opérée. On lui a enlevé la balle qu'elle a reçue dans la patte, mais la pauvre Anna a eu moins de chance. Il a fallu faire appel à la police qui l'a abattue en pleine rue. Gavrano Milliosa n'a plus jamais refait de cinéma. On lui a trouvé un remplaçant pour doubler Hercule et l'on a prévu un décor moins dangereux...