Aussi puissant et aussi cruel soit-il, le lion, dit-on, est préférable au serpent : alors que le serpent naît d'un œuf, le lion, lui, sort d'un ventre, symbole de protection et d'amour. Un récit traite d'un homme, pris entre un lion à sa droite et un énorme serpent à sa gauche. Quel que soit le chemin qu'il choisit, il est condamné. Mais l'homme se dit : «Le serpent sort d'un œuf, il n'a aucun sentiment, tandis que le lion, qui sort d'un ventre comme moi, pourrait avoir pitié de moi et me laisser m'en aller !» Il choisit donc le chemin où se trouvait le lion qui, effectivement, le laisse passer. On reconnaît encore au lion la vertu de la reconnaissance : il n'oublie jamais le bien qu'on lui rend et il le fait même en se sacrifiant ou en sacrifiant ceux qu'il aime : c'est le thème fréquent, dans le conte kabyle, du héros qui doit ramener du lait de lionne, trait dans la peau d'un de ses lionceaux. Le héros nourrit les petits d'une lionne partie à la chasse. Quand celle-ci revient et trouve ses enfants repus, elle jure de combler celui qui s'est occupé de ses petits. Le héros sort alors et formule sa demande. La lionne accepte de faire le sacrifice d'un de ses petits et se laisse traire. C'est un fauve, mais il n'oublie pas les bienfaits dont il a bénéficié !