Avis L'opinion, les avocats et les journalistes belges restent divisés entre «croyants» et «non-croyants». En filigrane du «procès du siècle», la Belgique espère surtout la réponse à une question qui la hante depuis les premiers hoquets de l'enquête : Dutroux est-il un pervers isolé ou l'exécuteur final d'un réseau pédophile bénéficiant de protections haut placées ? L'opinion, les avocats et les journalistes belges restent divisés entre «croyants» et «non-croyants». Quelques-uns sont convaincus de l'existence d'un vaste réseau de pédophiles enchevêtrant grands notables et petits truands, alimenté par Dutroux et ses complices. Les autres, majoritaires aujourd'hui, défendent la thèse d'un pervers solitaire, régnant sur sa femme Michelle Martin, asservissant le toxicomane Lelièvre, et vaguement lié par des affaires louches au truand bruxellois Nihoul. «Une guerre de religions», commente Georges-Henri Beauthier, avocat de la partie civile, persuadé que la vérité est à mi-chemin, autour d'une «petite entreprise polycriminelle» dont la totalité des membres n'a pas été démasquée. L'acte d'accusation, 74 pages, a retenu d'innombrables inculpations (assassinats, viols, enlèvements, séquestrations, trafic de drogue...). Il épingle Michel Nihoul, homme d'affaires au bras long, la seule passerelle possible avec un hypothétique réseau. Jusque-là, il a eu l'art de ne rien dire. Les avocats des parties civiles plaideront l'acte isolé de Dutroux, en l'absence de la plupart des parents des victimes, éc?urés depuis huit ans par les errements des enquêteurs. Xavier Magnée, l'avocat de Dutroux, plaidera, lui, l'existence d'un réseau organisé devant la cour d'assises d'Arlon. Il compte sur la participation de Nihoul.