Le pédophile Marc Dutroux devait comparaître aujourd?hui avec trois complices présumés devant la cour d'assises d'Arlon, dans ce que toute la Belgique attend comme le «procès du siècle», presque huit ans après le déclenchement d'une affaire qui avait suscité une émotion planétaire. 330 policiers se relaieront jusqu'au verdict attendu au plus tôt fin avril, pour assurer la sécurité d'un événement qui sera couvert par plus de 1 300 journalistes de 250 médias du monde entier, plus que pour le procès de l'ex-président yougoslave Slobodan Milosevic à La Haye. L'affaire avait, à l'époque, fait vaciller la Belgique, éc?urée de découvrir les crimes de celui que la presse avait rebaptisé «le monstre de Charleroi», mais aussi l'incompétence de son appareil policier et judiciaire dans les enquêtes sur les disparitions d'enfants. Le 20 octobre, plus de 300 000 Belges (3% de la population du royaume) avaient participé à Bruxelles à une gigantesque «Marche blanche», qui reste à ce jour l'une des plus importantes manifestations de toute l'histoire de la Belgique. La grande question pour la cour d'assises d'Arlon sera de déterminer si Marc Dutroux a agi en solitaire avec quelques complices ou pour le compte d'un réseau avec la protection «de gens très haut placés». Selon un sondage publié jeudi dernier, 68% des Belges sont convaincus de cette seconde thèse, que l'instruction n'a jamais permis de confirmer jusqu'ici. Le procès, où les accusés comparaîtront derrière une vitre blindée, devait débuter ce lundi à 9h, mais la première journée devait être entièrement consacrée à la composition du jury populaire et la seconde mardi, à la lecture de l'acte d'accusation résumant les 440 000 pages du dossier. Les débats ne doiventt entrer dans le vif du sujet qu'à partir de mercredi, avec les premiers interrogatoires publics de Marc Dutroux et de ses complices présumés.