Le camp du Président français Nicolas Sarkozy, éclaboussé directement par le scandale politico-fiscal Bettencourt mettant en cause son ministre du Travail, contre-attaque ce mercredi en accusant la gauche de faire le jeu de l'extrême droite et la presse de «méthodes fascistes». Pressé de s'expliquer, Nicolas Sarkozy pourrait s'exprimer le 13 juillet sur ce feuilleton qui, de rebondissement en rebondissement, affaiblit, chaque jour un peu plus, le gouvernement et, après des allégations hier sur un possible financement politique illégal, est devenu une affaire d'Etat explosive. «On ne peut pas botter en touche. Il faut que le président de la République dise la vérité», a demandé la patronne du Parti socialiste Martine Aubry alors que le centriste François Bayrou a jugé qu'il y avait «urgence pour le Président à s'exprimer» car on a maintenant «une crise morale et politique». Pour une partie de la presse française, comme le quotidien Sud-Ouest, «désormais c'est tout simplement l'avenir du quinquennat (mandat de cinq ans) et le destin de Nicolas Sarkozy» qui se jouent alors que, confronté à une succession de scandales, le chef de l'Etat a déjà sacrifié dimanche deux ministres de second plan, pour utilisation abusive des deniers publics. Mis en cause pour ses liens avec l'une des premières fortunes de France Liliane Bettencourt, le ministre du Travail Eric Woerth est accusé par l'ex-comptable de la milliardaire d'avoir reçu, en tant que trésorier du parti majoritaire UMP, 150 000 euros en liquide en mars 2007 pour financer la campagne de Nicolas Sarkozy. Dans une interview au site Médiapart, celle-ci a assuré lundi que M. Sarkozy avait reçu également des «enveloppes» d'argent par le passé de la part de la famille Bettencourt, héritière du groupe de cosmétiques L'Oréal. La police, qui a entendu l'ex-comptable, cherche maintenant à confirmer ces affirmations alors que la justice pourrait ouvrir une enquête pour financement illégal de parti politique, selon Le Figaro. A défaut de répondre sur le fond de l'affaire, la droite s'en est vivement prise aux députés socialistes et à la presse, accusés de favoriser la montée de l'antiparlementarisme et de l'extrême droite. «Excités par l'odeur du sang» pour le ministre de l'Immigration Eric Besson, les socialistes «prennent la responsabilité de mettre des pétales de fleurs sur le lit de l'extrême droite», a dénoncé le ministre du Budget François Baroin. Eric Woerth, qui répète «n'avoir rien à se reprocher», a accusé le PS d'orchestrer «une cabale politique».