Même s'il n'a rien à apprendre du cheikh M'hammed, Sidi Ali ben Moussa continue à suivre ses cours et à lui manifester un profond respect. Le cheikh finit par comprendre que son disciple est très fort : il connaît toutes les sciences que les étudiants de l'époque pouvaient connaître et il était même en mesure de les enseigner. Un jour, il le convoque et lui dit : «Tu dois t'ennuyer en cours !» Le jeune homme secoue la tête. «Pas du tout, c'est toujours, pour moi, une joie de t'écouter». Mais le cheikh insiste. «Bientôt, tu n'auras plus rien à apprendre de moi, je crains que tu ne partes !» — Maître, répond le jeune homme, je ne partirai pas d'ici ! De toute façon, les gens du village ne l'auraient pas laissé partir : on a deviné en lui l'étoffe d'un saint et tous pensent à le mettre à la place de cheikh M'hammed quand ce dernier sera rappelé à Dieu. Les années passent et Sidi Ali gagne chaque jour un peu plus le cœur des Kabyles. Tout le monde le respecte et on écoute ses avis éclairés tout autant que ceux de cheikh M'hammed, le chef de la zaouïa locale. Sidi Ali donne toujours le bon exemple en respectant scrupuleusement les règles de la religion, en se montrant bienveillant et généreux avec son prochain et surtout en ayant des mœurs irréprochables.