Dès qu'il arrive chez les Maâtkas, Sidi Ali ben Moussa demande s'il y a une zaouïa, dans la région. «Oui», lui répond-on. Il se fait conduire à la zaouïa de cheikh M'hammed ben Youcef qui la gérait à l'époque. Cheikh M'hammed est un homme très pieux, qui a étudié la langue arabe et appris le Coran, mais qui n'a pas pu pousser bien loin ses connaissances, n'ayant pu quitter son village pour chercher la science. Mais son savoir est fortement apprécié et les gens recourent à lui pour des questions de religion et le sollicitent pour régler les conflits. Sidi Ali, lui, au contraire, est versé dans les sciences religieuses et bien qu'il n'ait encore que vingt-cinq ans, il connaît beaucoup de choses et s'exprime avec la plus grande aisance sur les choses de la religion. Il adopte pourtant une attitude humble devant le vénérable cheikh de la zaouïa. Il embrasse la tête du cheikh, ce qui est une marque de respect. Le cheikh ne le connaît pas et il attend qu'il se présente. «Maître, au village, lui dit-il, on m'a parlé de toi et des cours que tu dispenses. On m'a vanté tes mérites qui, j'en suis sûr, sont fondés. Me permets-tu de faire partie du nombre de tes élèves ?» Le cheikh qui le regarde de la tête aux pieds, comprend à son accent et à ses manières, qu'il n'est pas du pays.