La coupe du Monde 2010 a baissé rideau, hier, en consacrant la meilleure équipe du tournoi, la meilleure de la planète, la meilleure depuis deux ans. Championne d'Europe en titre, l'Espagne a réussi son pari de monter sur le toit du monde, deux ans après sa consécration sur le Vieux Continent en proposant le plus beau football, le plus fluide, le plus technique au point de faire dire à Johann Cruijff, le footballeur volant des années d'or du football néerlandais : «Je suis Néerlandais, mais je défends le football que pratique l'Espagne, car c'est le jeu du Brésil, ce ‘'toqué'' chatoyant». Le sélectionneur et adversaire d'un soir Bert Van Marwijk n'en est pas loin en déclarant avant la finale : «L'Espagne a le plus beau football» puis de revenir après la rencontre : «Mon équipe a oublié son football au vestiaire». C'est dire que lorsque les descendants de Rinus Mitchel ne parviennent pas à reproduire le même football total de celui pratiqué par Cruijff, Neeskens, Krol ou Rep, voire celui des Van Basten, Rijkaard et Gullit, ce sont les autres, ceux qui s'en sont approprié les bases et les rudiments, qui le font. Et forcément, ils ne peuvent être que récompensés pour leur assiduité, leur persévérance et leur amour du beau jeu. L'Espagne a beaucoup travaillé, elle a énormément investi, elle a su être patiente pour enfin décrocher le Graal. L'Algérie du football, qui a fait un retour furtif en coupe du Monde après vingt-quatre ans d'absence, a intérêt de s'en inspirer, non seulement en matière de balle ronde, mais dans plusieurs disciplines sportives où l'Espagne est une référence. Pour les Pays-Bas, jamais deux sans trois, malheureusement, car après les éditions 1974 et 1978, les Oranje subissent leur troisième défaite en finale, se mettant ainsi dans la peau du «maudit». Sauf que cette fois, les Néerlandais n'ont pas été ambitieux, refusant de jouer leur football, préférant s'occuper à détruire celui de l'adversaire versant même dans une agressivité incompréhensible que de séduire les 84 450 spectateurs du Soccer City de Johannesburg et les dizaines de millions de téléspectateurs à travers la planète. Pour réaliser une belle finale, il faut deux beaux prétendants, ce qui n'a pas été le cas pour les Pays-Bas qui ont imprimé à cette finale le même ton que celui qui a traversé cette coupe du Monde : trop de calcul et moins de spectacle. Cela a, en tous les cas, rendu le suspense plus intense jusqu'à cette délivrance à cinq minutes avant la séance des tirs au but, grâce à Iniesta qui délivre les siens pour offrir une première Coupe du Monde à l'Espagne, pour une première en terre africaine. Une victoire laborieuse certes, mais ô combien méritée pour une Roja emmenée par un grand Del Bosque qui tout en conservant la même philosophie de son prédécesseur, Luis Aragonès, a apporté sa touche qui a permis à son équipe de broder la première étoile sur son maillot. Le bémol de cette finale, fut encore une fois l'arbitrage avec l'Anglais Howard Webb qui n'a pas su maîtriser un jeu dépassant les limites de la virilité de la part des Néerlandais, rappelant que les officiers au sifflet n'ont pas été forcément des chevaliers refusant un but valable à l'Angleterre et validant un autre, non valable, pour l'Argentine. La FIFA a promis de prendre en charge sérieusement ce dossier pour éviter les mêmes erreurs à l'avenir, soit dans quatre ans où le Brésil se prépare à accueillir la 20e édition du Mondial. Un grand challenge pour ce pays qui a besoin de se réconcilier avec son foot-samba, qu'il a perdu ces dernières années. Quant à l'Afrique du Sud, elle a de quoi être fière de son Nelson Mandela, qui a tenu à être présent hier lors de la finale, pour avoir façonné une nation tout entière, et de son organisation de cette coupe du Monde qui restera dans les annales. Un homme y a cru, Josep Sepp Blatter, le président de la FIFA qui répétait sans cesse : «Vous verrez, ce Mondial sera un grand succès !». Et il l'a été. Alors Viva Espana, et viva Africa !