InfoSoir : Le marché des assurances en Algérie demeure basé essentiellement sur les assurances obligatoires. Pourquoi ? A. Benbouabdellah : Il faut dire que le pouvoir d'achat des ménages ne permet pas des dépenses en assurance qui sont jugées, faussement et à tort d'ailleurs, inutiles et superflues. Aussi il faut relever qu'il en est de même pour l'entreprise car celle-ci n'intègre pas suffisamment «l'assurance» comme solution aux risques qui la guettent et une manière de préserver son patrimoine. Enfin, la culture de l'assurance n'est pas encore sérieusement incrustée au sein de la société. L'assurance des personnes demeure moins développée, expliquez-nous pourquoi ? L'activité de l'assurance vie n'a pas pu pénétrer la structure sociale du pays. Habituellement, on impute le retard pris dans le développement du marché des assurances de personnes en Algérie au pouvoir d'achat des assurables qui demeure insuffisant, au facteur religieux et à l'existence d'un système de protection sociale généreux. Outre les obstacles d'ordre économique, culturel et social, les entraves au développement des assurances de personnes relèvent à la fois du début d'organisation de la profession en la matière, de l'adaptation des compagnies d'assurances à l'ensemble des obstacles cités pour pouvoir créer un dynamisme et enfin de l'environnement juridique, fiscal et financier. La générosité de notre système de sécurité sociale et de retraite légale constitue une entrave supplémentaire au développement de la branche sachant que dans les sociétés libérales où le rôle de l'Etat est réduit, les individus et les entreprises ne peuvent compter que sur d'autres mécanismes telles les assurances économiques. En matière d'organisation de la profession, le nombre de professionnels en assurance vie, conjugué au déficit de formations spécialement dédiées à cette branche, ne permet pas une prise en charge suffisante. Quel est le taux de pénétration de l'assurance vie en Algérie ? En 2009, la branche «assurances de personnes» a enregistré un chiffre d'affaires de 5,6 milliards de dinars soit une part de 7% du chiffre d'affaires global du secteur. En 2008, le secteur des assurances a réalisé 5,4 milliards de dinars de cotisations en assurances de personnes représentant ainsi près de 8% du chiffre d'affaires global du secteur (4,4% en 2003) et l'équivalent de 156 dinars par Algérien et par an soit 2,4 USD. Pour ce qui est du taux de pénétration des assurances des ménages, globalement, les dépenses des ménages en assurance (toutes branches confondues) sont estimées à plus de 28 milliards de dinars ce qui représente plus de 41% de la production totale du secteur en 2008.La part des assurances de personnes dans leurs dépenses est estimée à 13%, plus de 77% des dépenses des ménages en assurance étant consacrées à l'assurance automobile. n Selon M. Benbouabdellah, les assurances obligatoires en Algérie concernent essentiellement les assurances de responsabilité civile « la plus connue étant l'assurance responsabilité civile automobile. La plupart des autres responsabilités civiles (professionnelles, exploitation…) sont également obligatoires, mais ne connaissent pas le même développement que l'automobile. Une autre obligation pèse également sur les entreprises économiques publiques en l'occurrence l'assurance incendie, sans oublier l'assurance sur les catastrophes naturelles instaurée en 2003. Dans les assurances de biens, nous avons également une grande partie des contrats qui ne relèvent pas de l'obligation d'assurance : un grand nombre d'entreprises et de particuliers souscrivent des assurances pour couvrir leur patrimoine car conscients du rôle de l'assurance en matière de préservation de leurs biens».