InfoSoir : Alors que les indicateurs économiques sont favorables, le pouvoir d'achat des Algériens ne cesse de se dégrader. Pourquoi ? l Hocine Amer Yahia : Le pouvoir d'achat des Algériens ne correspond pas à la richesse du pays. Les améliorations financières générées par la flambée des prix du pétrole ne se sont pas traduites sur le terrain. Le lien qu'on veut établir entre salaire et productivité est un prétexte pour maintenir ce blocage, on ne peut pas demander à une entreprise publique démobilisée depuis dix ans de produire. Le pouvoir d'achat s'est détérioré car les salaires n'ont pas augmenté depuis plusieurs années, le chômage est de 15%, largement au-dessus de la moyenne observée dans d'autres pays. La facture familiale pèse lourd sur les petites bourses, notamment en matière de santé, de transport et les factures d'eau et d'électricité qui ne cessent d'augmenter. Aujourd'hui, le salaire moyen des Algériens est de 20 000 DA. Un revenu qui est très bas par rapport aux dépenses des ménages et aux nouveaux besoins qui se créent, et ne peut couvrir que les besoins alimentaires et encore… Que pensez-vous de la politique socio-économique menée par le gouvernement en faveur des classes défavorisées ? l Il y a un manque flagrant de stratégie adaptée au contexte macro-économique qui est très favorable pour exploiter ces richesses. On continue à légiférer sans concertation avec les différents acteurs sociaux. La politique actuelle favorise le soutien temporaire et s'est focalisée sur les grands chantiers de travaux publics. Or, l'Algérie a besoin de promouvoir la formation, développer des centres technologiques, promouvoir les compétences, favoriser l'investissement, engager de véritables réformes dans le système bancaire et d'information. Croyez vous à la stabilité des prix annoncée par l'Ugcaa pour ce prochain ramadan ? l Je n'y crois pas. Les prix sont libres, d'autant plus que ceux qui doivent assurer leur stabilité n'ont plus la capacité de le faire. C'est pourquoi il y aura toujours des tensions sur les produits fortement demandés en cette période. Et puis, il ne faut pas oublier que quels que soient les prix affichés, ils sont rarement en corrélation avec le niveau des salaires. Quel est, à votre avis, le minimum vital pour un Smig ? l D'après les réflexions faites à ce sujet, le Smig devrait être à 20 000 DA. Il ne sert à rien d'avoir une épargne qui ne vous enrichit pas, qui ne développe pas le marché de l'emploi.