La commune d?El-Harrach a vécu un drame, hier, après la mort suspecte d?une vieille femme. Certains ont parlé d?un suicide alors que les voisins ont démenti cette thèse, axant sur le fait que la défunte n?avait plus toute sa raison et qu?elle a pu glisser. Agée de 78 ans, la vieille femme, mère de 14 enfants et qui vivait avec son mari après leur départ, est morte sur le coup après une chute de son balcon, au 5e étage d?un immeuble situé au centre-ville, derrière le tribunal d?El-Harrach. Un groupe de jeunes que nous avons abordés à l?entrée du quartier a indiqué qu?il s?agissait d?un suicide. «Elle était sénile (khourfet) et elle a dû se précipiter dans le vide dans un moment d?inconscience», nous ont-ils déclaré, ajoutant qu?elle devait mal supporter le fait qu?elle soit restée seule avec son vieil époux après le mariage de ses enfants et leur départ du domicile familial. «Une de ses filles, divorcée, qui demeurait avec elle, a fini par rejoindre son fils qui s?est marié», nous ont-ils affirmé. Un peu plus loin, à l?endroit même où le corps de la vieille était tombé, un groupe de voisins entourait un des fils, accouru après avoir été averti de la tragédie. Ils attendaient l?arrivée du corps qui avait été transféré à la morgue d?El-Alia pour autopsie. Ceux-ci (les voisins) refusaient d?entendre parler de suicide. Selon eux, leur voisine, qui a perdu ses facultés mentales il y a 25 ans et qui était seule au moment du drame, «voulait seulement prendre son foulard étendu au balcon pour aller faire une injection chez sa petite-fille habitant l?immeuble à côté.» Usant tous du même argument, ils ont insisté pour dire que la défunte ne manquait de rien et recevait quotidiennement la visite de ses enfants. Hagard, le visage défait, le fils n?avait même pas fait attention à notre présence sur les lieux et c?est avec fermeté que certains parmi les voisins nous ont déconseillé, pour ne pas dire interdit, de nous en approcher. «Il est encore sous le choc. Ce n?est pas le moment», nous ont-ils rétorqué. Le choc, les habitants de ce quartier ne l?oublieront sûrement pas. Certains étaient à ce moment-là au bas de l?immeuble. «Ils ont vu le corps tomber. Ils n?ont pas eu le courage de regarder, ils se sont enfuis. Un seul a eu le réflexe de le recouvrir d?un drap», nous a-t-on indiqué. En tout cas, quelle que soit la cause de la mort de la vieille femme, le drame de la solitude en fin de parcours des personnes âgées prend toute son ampleur. La défunte devait être enterrée hier, après la prière d?El-Asr, au cimetière Sidi Tayeb.