Coutumes n Les Touareg du Tassili N'Ajjer s'attachent de plus en plus à leurs traditions ancestrales, à travers le raffermissement des liens sociaux dont le mariage, considéré comme le plus «sacré». Bien que les cérémonials diffèrent d'une tribu à une autre ou d'un groupement rural à un autre, les festivités nuptiales sont soumises aux mêmes rituels puisés du patrimoine culturel ancestral encore préservé par la société du Tassili N'Ajjer, constate entre autres le président de l'association «Lien conjugal» d'Illizi. Hadj Moulay Djeriri, notable de la région, qualifie cette union de pratiquement communautaire, dans le sens où elle lie des tribus de la même société targuie qui s'attelle à sacraliser cette union, selon un rite maintenu intact par la population touarègue et transmis de génération en génération. Cette relation se manifeste en premier lieu par un rapprochement des familles des fiancés qui œuvrent à trouver un terrain d'accord pour tisser un nouveau lien tribal, avec l'aval des chefs de tribus dont le droit coutumier leur confère la possibilité d'approuver ou de désapprouver cette future union. Les chefs de tribus s'associent au plébiscite de ce rapprochement familial par la fixation du montant de la dot et l'établissement des conditions d'organisation de la cérémonie nuptiale, en tenant compte des moyens dont disposent les tribus. Selon le président de l'association «Emni», une fois la demande d'alliance formulée, la famille du futur époux s'emploie à fournir les obligations, dont l'offre du «Kaya», partie des charges à fournir par l'époux consistant en un écrin de bijoux d'argent. Les cérémonies officielles du mariage targui se poursuivront une semaine durant par des festivités riches en couleurs où s'exécutent des chants et des danses au rythme du Tindi, Imzad et d'autres instruments de musique du terroir. Accompagnée d'une dauphine, appelée «Wazir», la mariée est coiffée par un groupe de femmes vêtues de leurs plus belles robes. Les cheveux de l'heureuse élue sont tressés selon une forme rituelle nommée «Imissi». La mariée doit être, comme toute femme targuie, fardée de produits d'un «make-up» local et parée de bijoux d'or et d'argent assortis des plus belles confections. La cérémonie nuptiale, où dominent chants et danses, donne lieu également à l'organisation de courses de méhari au rythme des tambours, dans des joutes auxquelles prennent part toutes les tribus invitées. Comme à l'accoutumée, le repas (Talebdjat) servi aux convives est composé de viande cameline hachée, suivi du thé préparé au feu de braise. A ce plat vient s'ajouter le sacrifice, dans la liesse générale, de caprins que l'on propose durant les sept jours de fête, en plus de la distribution d'un autre mets composé d'extrait de dattes et de lait. Entre autres traditions, le marié devra remettre à sa nouvelle «reine» une paire de chaussures en cuir véritable appelées «Agatimène» ainsi qu'une somme symbolique d'argent.