Résumé de la 1re partie n M. et Mme Lelièvre sont surpris de voir, chaque année, un groupe d'hirondelles venir picorer du pain sur le bord de leur fenêtre... Evidemment, comme toujours, il y a des esprits chagrins, des grincheux. Certains viennent se plaindre : — Vous n'avez pas le droit de mettre du pain dans la rue. Chaque année ces oiseaux me réveillent et puis ils font des saletés partout. Je vais aller trouver les gendarmes ! Mais les Lelièvre tiennent bon. D'ailleurs les gendarmes ne les inquiètent pas : nourrir les hirondelles une fois par an n'est pas bien méchant. Tout cela dure jusqu'en 1990. Cette année-là, les hirondelles tardent. Le mois d'avril est déjà bien avancé et elles ne sont toujours pas là. Mais le printemps lui aussi est en retard. Il fait encore froid. Aussi les Lelièvre ne sont-ils pas inquiets. Chaque soir, ils scrutent attentivement le ciel en se disant :«Ce sera peut-être pour demain.» 15 avril 1990. Il doit être aux environs de six heures du matin. A travers son sommeil, M. Lelièvre perçoit un bruit qui lui est familier. Ce bruissement, ces petits cris lui rappellent quelque chose qu'il connaît bien... Mais oui : ce sont les hirondelles ! Les hirondelles sont revenues ! Il les attendait depuis longtemps et elles ont fini par arriver. Il faut vite aller les voir, comme il le fait chaque année. Bientôt, elles seront parties. Elles ne restent jamais plus de quelques minutes. Mais à ce moment, M. Lelièvre éprouve une sensation bizarre. Il sent confusément qu'il est en train de se passer autre chose que le retour des hirondelles, autre chose de plus important... Après tout, il aura tout le temps de réfléchir à tout cela plus tard. Pour l'instant, il va se rendormir. Mais juste avant de retomber dans le sommeil, M. Lelièvre a un sursaut..w. Non, il y a les hirondelles. Il faut y aller... Et c'est alors qu'il lui est presque impossible de se lever... Mais pourquoi ? M. Lelièvre tente de se secouer de sa torpeur. Il constate à présent qu'il ne se sent pas bien du tout. Un mal de tête épouvantable lui enserre tout le crâne, il a envie de vomir. Et puis ses pensées sont confuses. Ce n'est pas normal. Il se passe décidément quelque chose ! Pour l'instant, dans l'esprit de M. Lelièvre, il reste une seule certitude à laquelle il s'accroche : les hirondelles sont là, il faut aller les voir. Il fait un geste pour se lever, il arrive à peine à bouger la main... M. Lelièvre rassemble toute son énergie. Il se répète, comme une mécanique : «Les hirondelles... les hirondelles...» Avec mille difficultés, il parvient à s'asseoir sur son lit. Sa tête lui retombe sur les épaules. Il doit attendre encore un peu pour se mettre debout. Et c'est alors qu'il comprend : cette odeur qui emplit toute la pièce, c'est le gaz... Il y a une fuite de gaz. Il faut qu'il aille tout de suite à la fenêtre, c'est une question de vie ou de mort... Comme un somnambule, M. Lelièvre s'est mis debout. La fenêtre est là, toute proche, mais elle lui semble à un kilomètre... Il titube comme un homme ivre ; deux fois il manque de s'effondrer sur le parquet. Enfin, il est devant la fenêtre. En réunissant ses dernières forces, il l'ouvre... (à suivre...)