Mutation n Réduits, par le passé, à la condition de préparateurs et de livreurs de repas aux personnels des sociétés, les traiteurs se tournent résolument aujourd'hui vers la satisfaction d'une nouvelle catégorie de clients, adeptes du concept très actuel des cérémonies familiales. Du couscous au méchoui en passant par la chorba, le bourek, lemtou'em et autres l'ham lahlou, les mets dédiés aux cérémonies nuptiales que proposent ces gastronomes sont très demandés par une clientèle de plus en plus exigeante. «Nous avons dû changer de menu une bonne dizaine de fois sur injonction d'une cliente très pointilleuse de Blida qui voulait faire grand écho du mariage de son fils», se lamente Mehdi, traiteur et restaurateur installé à Sidi Yahia, le nouveau quartier branché d'Alger. «Mais chez nous, le client est roi», se ressaisit toutefois le jeune restaurateur. Très en vogue quand il s'agit de l'animation des cérémonies familiales, ceux qu'on qualifie d'«artistes de la gastronomie sont pris d'assaut avant chaque été au point que nombre d'entre eux n'arrivent pas à honorer toutes les commandes. Les scènes où l'on joue des coudes pour placer sa commande avant les autres ne manquent pas. Le cas le plus «désespéré» est peut-être celui de ce jeune émigré qui tentait en vain de se faire livrer quelques friandises en prétendant que le nombre de ses invités ne dépassait pas celui des doigts d'une main. Et de tenter la voie impénétrable des sentiments : «J'ai promis à ma petite nièce, bachelière, que ce sera mon cadeau à moi et je tiens à honorer ma promesse.» Les premiers traiteurs installés en Algérie étaient tous des étrangers. Il s'agit d'une compagnie internationale qui desservait les bases vie de sociétés pétrolières étrangères opérant dans le sud du pays. Les professionnels qui ont fait, par la suite, leur apparition sont pour la plupart des retraités de cette compagnie, et le premier à avoir ouvert dans l'Algérois était un Tunisien qui avait à son répertoire plus de 200 créations gastronomiques et qui continue d'exercer. Depuis 2003, au moins une douzaine d'opérateurs ont investi le créneau de «traiteuring» dans la capitale. Docteur en mines, Mehdi, issu d'une grande famille de commerçants kabyles, affirme avoir choisi cette activité après une période plus ou moins longue «d'étude de marché». «Sans expérience préalable, j'ai mis une année à apprendre les principes du métier, entouré d'une équipe de professionnels expérimentés», raconte le jeune homme, qui procédera à sa première livraison en 2006 pour le compte d'une entreprise publique, ce qui lui a permis de se faire connaître auprès de bon nombre d'entreprises d'Alger. Quant à Christophe, traiteur français spécialisé en produits de la mer, qui dirigeait dans son pays une société des produits de la pêche, il avoue avoir décidé de s'associer à deux Algériens pour ouvrir un établissement de restauration et de préparation de plats de poissons parce que, de l'autre côté de la Méditerranée, les affaires ne marchaient pas comme il le souhaitait.