Production n Le commissaire Llob sera projeté en avant-première au mois d'octobre, nous a annoncé le réalisateur Bachir Deraïs. Ce projet comporte deux versions : la première est un long métrage destiné au cinéma et la seconde est un feuilleton réalisé pour la télévision. «Ce n'est pas pareil le film et le feuilleton : la fin n'est pas la même. Il y a des scènes du film que l'on ne retrouve pas dans le feuilleton, comme il y a des situations de la série inexistantes dans le film. «Ainsi, ce que les gens vont voir en film n'est pas la même chose que ce qu'ils vont voir à la télévision.» S'il y a deux versions du film Le commissaire Llob, l'un pour la télévision et l'autre pour le cinéma, c'est seulement parce que le projet est financé par la Télévision, donc ce qui est montré sur grand écran ne peut l'être à la télévision. D'où la nécessité d'en faire un feuilleton. «Avec la Télévision, et ce n'est un secret pour personne, il faut surtout censurer. Il y a des choses qui ne peuvent pas passer», fait savoir le réalisateur. Et de poursuivre : «Il faut être prudent et faire un travail correct tandis qu'au cinéma c'est très-et radicalement- différent. On peut s'éclater. On a plus de liberté : c'est beaucoup plus politique…». Le commissaire Llob est un genre cinématographique nouveau en Algérie. C'est un cinéma actuel. C'est très moderne en effet. «Déjà, quand Le commissaire Llob est sorti dans Morituri, ça a donné un nouveau style ; c'est pour la première fois qu'on voyait des enquêtes policières en Algérie. Je crois que cela n'a jamais été fait auparavant. Moderne, action et jeune. C'est plus branché. Même la police est à jour par rapport à la technologie. Une police plus adaptée aux méthodes actuelles alors que dans Morituri c'était à l'ancienne.» Ainsi, Le commissaire Llob, le nouveau, n'est pas celui des années 1990, c'est celui d'aujourd'hui : «Celui de Morituri était sur des affaires liées au terrorisme alors que le nouveau lutte sur d'autres fronts, contre d'autres mafias : import-export, les trafiquants…C'est autre chose. C'est beaucoup plus excitant.» Le cinéma polar se révèle le cinéma de prédilection du réalisateur. «Oui, et j'ai en effet l'intention de faire un autre film dans la même veine que Le commissaire Llob , fait-il savoir, précisant : «Le problème, ce n'est pas si j'ai l'intention d'en faire un autre mais c'est de trouver un diffuseur : il n'y a pas de salles de cinéma, et l'on a une seule chaîne de télévision.» Bachir Deraïs, qui appréhende en quelque sorte la réaction du public, l'accueil de la critique et le verdict des médias, pense à un autre film dans la même veine que les précédents : Morituri et Le commissaire Llob. «Je pense au Dingue du bistouri, toujours Le commissaire Llob, mais c'est Jacques l'éventreur à l'algérienne», explique-t-il. Bachir Deraïs envisagerait de puiser encore dans les textes de Yasmina Khadra, et cette fois-ci il compte explorer Le Dingue du bistouri, l'un des premiers polars de l'écrivain. l Pour Bachir Deraïs, le cinéma - plus qu'une carrière - représente toute sa vie puisque c'est à l'âge de vingt ans qu'il a commencé à en faire et que vingt ans après, à l'âge de quarante ans, il y est toujours. «En dépit des contraintes, j'essaie en effet de naviguer», dit-il. Et d'ajouter : «En tant qu' homme de cinéma, on tient tête et l'on est d'ailleurs obligé : si l'on veut que le cinéma résiste et perdure, il ne faut pas baisser les bras. On fait un métier qui n'a pas de marché, de débouchés, parce que le cinéma ce sont les salles.» Cela veut dire qu'il n'y a pas un marché de films, et ce, en raison d'un déficit dans le réseau de salles de cinéma. Bachir Deraïs, qui vit de son métier, aime le cinéma. «Cela m'a apporté joie et satisfaction, c'est un métier qui nous ouvre des portes extraordinaires : quand on fait des films, on fait des relations, on vit des expériences, et c'est cela l'avantage. On s'épanouit à travers ce métier : moi, je ne sais pas faire autre chose que le cinéma», a-t-il conclu. Bachir Deraïs est aussi producteur - il est sur un nouveau film en tant que producteur. Il est sur l'adaptation du roman à succès de Yasmina Khadra Ce que le jour doit à la nuit d'Alexandre Arcadie et dont le tournage est prévu pour le mois de janvier prochain.