Violences n Au moins 35 personnes ont été tuées et 80 autres blessées dans la nuit d'hier à Karachi, plus grande ville du Pakistan, lors de violences provoquées par l'assassinat d'un député de la majorité provinciale. «Les hôpitaux de la ville ont reçu les corps d'au moins 35 personnes victimes de tirs d'armes à feu», a déclaré un médecin militaire de la police provinciale. Les corps ont été acheminés depuis différents endroits de la ville. «Tous avaient été tués par balles», a-t-il ajouté. Le député Raza Haider, du mouvement Muttahida Qaumi (MQM), allié du Parti du peuple pakistanais (PPP) au sein de la coalition qui dirige la province du Sindh, avait été abattu quelques heures plus tôt hier par deux hommes circulant à moto. Cet assassinat a soulevé un violent vent de panique dans cette ville d'environ 16 millions d'habitants. Les commerces ont aussitôt baissé rideau et les rues se sont rapidement vidées, tandis que des tirs d'armes étaient entendus dans plusieurs quartiers de la ville. «Des dizaines de personnes ont été tuées au cours de plusieurs affrontements armés dans la ville et ils semblent tous être consécutifs au meurtre du député», a déclaré un responsable de sécurité sous le couvert de l'anonymat. Peu après la mort du parlementaire, son parti a appelé à de grandes manifestations, alors que les autorités locales ont ordonné la fermeture de toutes les écoles à Karachi et Hyderabad, à quelque 174 km plus à l'est. Le MQM représente essentiellement les intérêts de la communauté issue de l'immigration venue de l'Inde, notamment après la partition de 1947. Karachi est très fréquemment la proie de violences politiques entre le MQM, le PPP et des partis représentant l'ethnie pachtoune, qui peuple le nord-ouest du Pakistan. Les heurts, souvent sanglants, sont aussi la conséquence de guerres d'influence entre différents groupes criminels qui appartiennent également à ces partis. Selon des responsables locaux de la sécurité, plus de 125 personnes sont mortes dans ces violences depuis le début de l'année. Cette vague de violences se déroule au moment où le président pakistanais Asif Ali Zardari a entamé hier à Paris une tournée délicate en France et en Grande-Bretagne, deux pays engagés militairement en Afghanistan, sur fond d'accusations britanniques de soutien des services secrets pakistanais au terrorisme. La visite à Paris et à Londres intervient alors que des documents confidentiels de l'armée américaine, diffusés par le site internet d'information Wikileaks, font état de liens entre le Pakistan et les insurgés talibans que combattent les 150 000 hommes des forces internationales. L'étape de M. Zardari à Londres à partir de demain revêt un caractère particulier, depuis que le Premier ministre David Cameron a accusé, pendant une visite en Inde, le Pakistan de double jeu et d'avoir promu «l'exportation de la terreur» en Afghanistan mais aussi en Inde. Des propos que Cameron a maintenus hier.