Evaluation n Tous les diabétiques qui souhaiteraient observer le jeûne du ramadan doivent se préparer de façon adéquate afin d'accomplir ce devoir en toute sécurité. Cela implique une évaluation médicale et des conseils éducatifs. La non-prise des traitements (par voie orale ou injectable) peut représenter un grand danger pour les diabétiques. Le Pr Boudiba, chef de service de diabétologie au CHU Mustapha (Alger), appelle au respect des horaires des repas. Le diabétique doit, selon notre interlocuteur, connaître les dangers qu'il encourt en cas de jeûne. En effet, en temps normal, son organisme a tendance à éliminer rapidement l'eau consommée dans les urines et la sueur. Durant le jeûne, le risque de déshydratation se trouve multiplié par deux. «Le diabétique autorisé à jeûner ne doit pas s'oublier pour autant». Les spécialistes du laboratoire Novonordisk ont élaboré une série de recommandations thérapeutiques à cet effet consistant, entre autres, en l'équilibre de la glycémie, le suivi d'un régime alimentaire, la pratique d'exercices physiques. Le jeûne, selon eux, peut alors être fait en toute sécurité. «Si vous faites partie des diabétiques maîtrisant leur glycémie par la prise d'un traitement oral ou par l'insuline, il est important de poursuivre votre traitement. En outre, le changement de votre rythme d'alimentation peut amener à un changement d'administration et de dosage. Consultez le médecin traitant qui doit vous guider». En effet, le taux de glycémie peut chuter au moment de la rupture du jeûne ou subir une hausse vertigineuse. Si lors du contrôle glycémique, le taux de glucose est compris entre 50 et 80 mg/dl, il s'agit d'une légère hypoglycémie. En revanche, si ce taux est inférieur à 50 mg/dl, on parle d'hypoglycémie, qui si elle n'est pas traitée à temps peut entraîner «une baisse, voire une perte de la vue, des maux de tête, des frissons, une somnolence, une perte de connaissance, une confusion mentale», selon un document du laboratoire Novonordisk. Sur la base de chiffres de l'étude Epidiar (Epidemiology of diabètes and ramadan 1422-2001) concernant la pratique du jeûne chez les diabétiques menée dans 13 pays, dont l'Algérie, le professeur Boukhil avance que sur 12 243 sujets dont 8,7% de type 1 (diabète insulinodépendant) et 91,3% de type 2 (non-insulinodépendant), «la prévalence des diabétiques musulmans qui pratiquent le jeûne est de l'ordre de 43% pour le type 1 et de 79% pour le type 2». Les conclusions de cette étude mettent l'accent sur les conséquences terribles du jeûne sur la santé du diabétique, soumis alors à un effet yoyo de sa glycémie et une fréquence accrue des hypoglycémies sous-estimées. Pour le jour de l'Aïd El-fitr, le discours médical ne change pas et les diabétologues recommandent aux diabétiques de ne pas faire d'écarts alimentaires qui pourraient leur coûter cher. L'effort d'adaptation l Apprendre qu'on est diabétique représente pour de nombreuses personnes un véritable choc, au vu du caractère incurable de cette maladie et de tous les changements auxquels il faut procéder dans son mode de vie ainsi que les différents traitements à suivre. Un nombre important de diabétiques s'adaptent et font face rapidement avec un suivi rigoureux auprès de leur médecin. D'autres, en revanche, n'ont pas cette chance, faute de couverture sociale ou tout simplement de moyens financiers. Surveiller son alimentation représente aussi un véritable luxe.