Epreuve n L'enfant diabétique en âge de jeûner, en plus de devoir gérer les difficultés au quotidien que lui inflige sa maladie (collations à des heures fixes et injections d'insuline), se trouve confronté, durant le ramadan, à l'incompréhension et à l'intolérance de son milieu social et scolaire et vit alors dans la crainte d'être rejeté. InfoSoir : Les enfants diabétiques ne vivent pas le mois de ramadan comme leurs camarades. Votre commentaire ? Le Dr Boukhil Kais Soufiane : L'enfant diabétique est un élève comme les autres, mais qui ne doit, en aucun cas, jeûner au risque de conséquences très lourdes sur sa santé. Il est confronté à des contraintes thérapeutiques (prise de médicaments et injections d'insuline) et alimentaires (prise des repas à heures fixes). Qu'y a-t-il lieu de faire, selon vous, pour éviter que l'enfant diabétique subisse les railleries de ses camarades et se trouve complètement rejeté ? Un travail de sensibilisation et de prise de conscience doit être élaboré tout au long de l'année en collaboration avec les parents et l'équipe médicale afin de faciliter l'intégration de l'enfant diabétique à son univers scolaire. Le personnel à son contact doit également apprendre à reconnaître les signes d'une hypoglycémie et comment y parer. Un lecteur de glycémie doit également être mis à disposition au niveau des salles de classe. Donc, vous préconisez de mobiliser les personnels des établissements scolaires... Absolument. Les maîtres d'école doivent permettre à l'enfant diabétique de manger en cas d'hypoglycémie et de prendre ses collations aux heures fixées par son médecin, par notamment un aménagement des horaires de cours, par exemple, le laisser également se rendre aux toilettes en cas de polyurie ; le laisser surveiller sa glycémie capillaire et même s'injecter de l'insuline si nécessaire. Souvent les adolescents diabétiques s'obstinent à jeûner durant le ramadan... L'école, le collège et le lycée sont autant de lieux de la vie quotidienne où s'affrontent des personnalités en cours de construction. Cette confrontation entre individus, encore plus acerbe lorsqu'il s'agit de diabétiques, peut alors avoir des répercussions non seulement psychosociales, mais également médicales, suite à un refus de se traiter ou à l'absence de prise de collation.... Une enquête de Degri (1999), sur la base d'interviews réalisées avec des adolescents diabétiques, fait ressortir que ces derniers considèrent que le diabète n'est pas une affection assez grave pour ne pas jeûner. L'adolescent diabétique tient absolument à jeûner pour marquer son appartenance à la communauté et ressembler aux autres... *Pédiatre - EPH Bologhine Ibn Ziri, Alger