Résumé de la 1re partie n Nelson Dillworth dit à Francis Burbage, le pilote du «Pinguin», de ne pas s'inquiéter de l'état de la mer car Jack, le dauphin, les attend... Un schooner américain, le «Brimble», qui faisait la liaison Boston-Sydney, était en difficulté à l'entrée de la French Pass. Il faisait un temps comme aujourd'hui... C'est alors que jack est sorti de l'eau : un grand dauphin gris-bleu qui faisait des bonds tout autour du navire. Il a joué à ce jeu-là pendant quelque temps et il est parti devant, toujours en sautant. Le capitaine a pris la décision de le suivre. Et c'est ainsi que tout le monde s'en est sorti... — C'est effectivement troublant, mais c'est peut-être une coïncidence. — C'est ce qu'on a pensé alors. Seulement depuis, chaque fois qu'un bateau se présente devant la French Pass, d'un côté comme de l'autre d'ailleurs, jack vient à sa rencontre et le guide. Depuis trente-deux ans, grâce à lui, il n'y a pas eu de naufrage, alors que c'était un des endroits les plus mortels de la mer de Tasman. Francis Burbage émet un sifflement prolongé. — Je suis heureux d'être là pour voir cela !... Le ciel est maintenant entièrement couvert. La mer a pris une teinte grise. Le commandant regarde les flots, loin en avant. — Et il s'en est fallu de peu que vous ne puissiez pas le voir. Jack a bien failli ne pas être au rendez-vous... — Pourquoi ? — A cause de la sottise et de la méchanceté humaines, les seules choses qui ne fassent pas bon ménage avec la mer... Cela s'est passé ici, sur le «Penguin», il y a six mois, lors de mon dernier voyage vers Sydney. Et le commandant Nelson Dillworth raconte à son pilote le navrant épisode survenu six mois plus tôt... C'était le 15 août 1902. La goélette, ce jour-là, se présente à la French Pass dans l'autre sens, en provenance de Wellington. C'est le plein hiver austral. Le vent est glacial, mais le ciel est dégagé et la mer relativement calme. Au moment attendu, Jack apparaît. Il fait des bonds joyeux. Il semble particulièrement en forme. Il saute parfois à près de dix mètres. C'est un ballet merveilleux, étourdissant. Puis, après ces cabrioles, il semble se dire qu'il est temps de passer aux choses sérieuses, plonge une dernière fois et reparaît devant la proue pour commencer son guidage. Nelson Dillworth, qui se tient près de la barre, voit alors venir vers lui un homme très excité. C'est Howard Mac Kenzie, un explorateur américain qu'il a pris comme passager. Mac Kenzie se rend en Nouvelle-Guinée pour le compte d'une société privée. Un personnage tout à fait déplaisant, sûr de lui, vantard, grossier, le style cow-boy. Il a essayé à plusieurs reprises, depuis le début de la traversée, de raconter ses exploits au commandant, mais celui-ci l'a envoyé promener... Howard Mac Kenzie désigne du doigt l'avant du navire : — Qu'est-ce que c'est que cette bestiole, commandant ? — Un dauphin. Fichez-moi la paix, je suis occupé. — Cela fait une chouette cible ! Pourquoi vous ne dites pas à vos hommes de le tirer ? Eh bien, répondez-moi, commandant ! — Je ne réponds pas aux questions stupides, monsieur Mac Kenzie ! Maintenant, partez ! Vous n'avez rien à faire ici ! L'Américain n'insiste pas et disparaît... Suivant fidèlement les évolutions de Jack, Nelson Dillworth et son pilote continuent leur navigation délicate à travers les récifs de la French Pass. C'est alors que Dillworth pousse un cri et abandonne précipitamment son poste. Il court vers la proue. (à suivre...)