Résumé de la 2e partie n Pour éloigner l'époux de sa fille, le roi exige de l'enfant né coiffé de lui ramener les trois cheveux d'or du diable. Mission impossible pour le jeune qui relève tout de même le défi par amour pour sa dulcinée. De l'autre côté de l'eau, il trouva la bouche de l'enfer. Elle était noire et enfumée. Le diable n'était pas chez lui ; il n'y avait que son hôtesse, assise dans un large fauteuil. «Que demandes-tu ? lui dit-elle d'un ton assez doux. «Il me faut trois cheveux d'or de la tête du diable, sans quoi je n'obtiendrai pas ma femme. — C'est beaucoup demander, dit-elle, et si le diable t'aperçoit quand il rentrera, tu passeras un mauvais quart d'heure. Cependant, tu m'intéresses, et je vais tâcher de te venir en aide.» Elle le changea en fourmi et lui dit : «Monte dans les plis de ma robe ; là, tu seras en sûreté — Merci, répondit-il, voilà qui va bien ; mais j'aurais besoin, en outre, de savoir trois choses : pourquoi une fontaine qui versait toujours du vin ne fournit même plus d'eau ; pourquoi un arbre qui portait des pommes d'or n'a même plus de feuilles ; et si un certain passager doit toujours rester à son poste sans jamais être relevé. — Ce sont trois questions difficiles, dit-elle ; mais tiens-toi bien tranquille, et sois attentif à ce que le diable dira quand je lui arracherai les trois cheveux d'or.» Quand le soir arriva, le diable revint chez lui. A peine était-il entré qu'il remarqua une odeur extraordinaire. «Il y a du nouveau ici, dit-il ; je sens la chair humaine.» Et il alla fureter dans tous les coins, mais sans rien trouver. L'hôtesse lui chercha querelle. «Je viens de balayer et de ranger, dit-elle, et tu vas tout bouleverser ici, tu crois toujours sentir la chair humaine. Assieds-toi et mange ton souper.» Quand il eut soupé, il était fatigué ; il posa sa tête sur les genoux de son hôtesse, et lui dit de lui chercher un peu les poux ; mais il ne tarda pas à s'endormir et à ronfler. La vieille saisit un cheveu d'or, l'arracha et le mit de côté. «Hé, s'écria le diable, qu'as-tu donc fait ? — J'ai eu un mauvais rêve, dit l'hôtesse, et je t'ai pris par les cheveux. — Qu'as-tu donc rêvé ? demanda le diable. — J'ai rêvé que la fontaine d'un marché, qui versait toujours du vin, s'était arrêtée et qu'elle ne donnait plus même d'eau ; quelle en peut être la cause ? — Ah ! si on le savait ! répliqua le diable : il y a un crapaud sous une pierre dans la fontaine ; on n'aurait qu'à le tuer, le vin recommencerait à couler.» L'hôtesse se remit à lui chercher les poux ; il se rendormit et ronfla de façon à ébranler les vitres. Alors elle lui arracha le second cheveu. «Heu ! que fais-tu ? s'écria le diable en colère. — Ne t'inquiète pas, répondit-elle, c'est un rêve que j'ai fait. — Qu'as-tu rêvé encore ? demanda-t-il. — J'ai rêvé que dans un pays il y a un arbre qui portait toujours des pommes d'or, et qui n'a plus même de feuilles ; quelle en pourrait être la cause ? — Ah ! si on le savait ! répliqua le diable : il y a une souris qui ronge la racine ; on n'aurait qu'à la tuer, il reviendrait des pommes d'or à l'arbre ; mais si elle continue à la ronger, l'arbre mourra tout à fait. Maintenant laisse-moi en repos avec tes rêves. Si tu me réveilles encore, je te donnerai un soufflet.» L'hôtesse l'apaisa et se remit à lui chercher ses poux jusqu'à ce qu'il fût rendormi et ronflant. Alors elle saisit le troisième cheveu d'or et l'arracha. (à suivre...)