Drame n Les opérations d'exclusion se suivent mais ne se ressemblent pas. Il s'agit cette fois de 350 familles habitant à l'Avenue de Roumanie à Constantine et ayant été expropriées de leurs maisons. 150 parmi elles sont venues à Alger. «C'est un déni de service public, ou plutôt un déni de justice dans la mesure où l'administration ne respecte pas ses engagements, ni même ses obligations envers les citoyens», dénonce maître Hocine Zehouane, président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH). «C'est un cas époustouflant et il y a violation de la loi ! Le problème c'est que ces citoyens sont désarmés face à ce phénomène qui est en train de pourrir toute la société. Pourquoi n'a-t-on pas mis en place des structures d'accompagnement ? Mieux encore, une cellule de crise pour écouter ces victimes ?», recommandera, de son côté, le porte-parole du comité SOS expulsion Hakim Selmi, lors d'une conférence de presse organisée, hier, au siège de la LADDH. Depuis une quinzaine de jours 150 familles, dont des femmes et des enfants, passent leurs nuits à la belle étoile devant la station de la Gare routière de Caroubier sans pour autant susciter l'attention des autorités locales. Les autres familles qui n'ont pas fait le déplacement à Alger, subissent le même drame à Constantine. Pour rappel, les habitants de cet ancien quartier situé en plein centre de la Ville des Ponts, disent posséder des actes de propriété datant de l'ère coloniale. Ils affirment également que les circonstances dans lesquelles ont été attribués les logements récemment sont très confuses. Aujourd'hui ces familles n'ont plus d'abri, comment vivent-elles surtout en ce mois de ramadan ? En réponse au communiqué officiel du wali de Constantine paru dans certains journaux par lequel il dit que le dossier de relogement des 1 400 familles touchées par l'opération de démolition est clos, certains habitants ont saisi la presse pour donner leurs propres témoignages. «Pourquoi ne pas avoir affiché la liste des bénéficiaires des logements et celle des exclus ainsi que les motifs de leur expulsion ? Est-ce un secret ?», s'interroge Hacène Khadraoui, une victime de cette expulsion. «Le recensement a été effectué dans l'anonymat, il y a manque de fiabilité et inapplication de la loi 91 -11 qui stipule qu'avant toute délocalisation il faut d'abord procéder à une identification des propriétaires et des ayants droit, or cela n'a pas été fait», a-t-il regretté. «Pourquoi ne pas avoir désigné un bureau pour recevoir les recours des habitants ? Personne n'a accepté de nous recevoir jusqu'à présent. Cependant il faut souligner que notre quartier a été diabolisé, ils ont utilisé la presse pour nous dénigrer et gagner l'opinion publique. Il y avait 1 600 policiers pour arracher les portes et détruire les murs de chaque maison.» l Dans ses déclarations, le wali de Constantine qualifie ces familles d'intruses. Celles-ci, présentes à la LADDH hier, pointent un doigt accusateur vers le wali de Constantine et comptent l'ester en justice. «Le wali a fait des déclarations dans le journal télévisé de 20h du 07 avril 2010 en parlant de 1 050 logements réservés à 1 400 familles concernées par cette opération de démolition qui a débuté au mois d'avril alors qu'en réalité seuls 690 logements ont été attribués plus 23 cas de recours, le reste des familles (350) a été jeté dans la rue sans la moindre explication», affirme Hacène Sayad, l'un des habitants.