Ne pouvant se faire entendre des autorités locales de leur wilaya d'origine, des citoyens ont fait le déplacement à Alger pour exprimer et dénoncer l'indifférence des autorités locales concernées. Hier, près d'une cinquantaine d'anciens habitants de l'avenue de Roumanie (anciennement appelée Djnenane Etchina) à Constantine, ont tenu un rassemblement à la Grande-Poste pour exiger leur relogement immédiat. Les opérations de relogement entamées en avril dernier ne se sont pas déroulées sans accrocs : des familles ont été exclues et les autorités expliquent cette situation par l'existence d' « indus occupants ». « La wilaya de Constantine a décidé de délocaliser le site et de construire, à son emplacement, un projet d'utilité publique, notamment un pont. Des familles, qui ont pourtant des actes de propriété, se sont retrouvées du jour au lendemain carrément abandonnées et éparpillées chez leurs connaissances. Seules 300 familles ont été relogées, 300 autres se trouvent sans prise en charge et abandonnées, pour certaines, dans une école », se désole notre interlocuteur en affirmant que sur les 1400, initialement recensés, il s' est trouvé des gens qui ne se sont pas encore manifestés. Selon le compte rendu fait par El Watan (bureau de Constantine), une enquête spécifique auprès des bénéficiaires des logements de l'avenue de Roumanie a permis de découvrir 1287 intrus. Indignation des résidants du site rasé. « Nous sommes venus à Alger à deux reprises. La première fois en juin dernier, juste après l'opération. Le secrétaire général du ministère de l'Intérieur, qui a nous a reçus, nous a assuré que nos doléances ont été transmises à qui de droit, c'est-à dire au wali de Constantine. La promesse d'étudier nos recours devait être concrétisée juste après. Il n'en est rien. L'opération a tardé et les familles n'en peuvent plus d'attendre, alors que le mois de Ramadhan approche à grands pas », signale Khadraoui Hacène, membre du comité des sages qui représente les familles qui ont vu leurs habitations démolies. Une délégation des protestataires a été reçue hier. « Le responsable chargé du développement local au ministère de l'Intérieur nous a promis que nous assisterons à la commission de recours », assure notre interlocuteur, en affirmant que les services de la wilaya de Constantine les ont abandonnés à leur triste sort. En avril dernier déjà, ces mêmes autorités ont utilisé la manière forte : les services de sécurité ont arrêté des protestataires.