Près de 150 familles expropriées, pour la réalisation d'un projet d'utilité publique dans la ville de Constantine, observent un sit-in au niveau de la gare routière du Caroubier à Alger. Après avoir épuisé tous les recours au niveau de leur wilaya, les habitants de l'avenue Roumanie lancent un autre appel de détresse à partir d'Alger, pour une meilleure prise en charge de ce dossier. Le comité représentant les 1400 familles a lancé hier des accusations graves contre des responsables locaux et dénonce l'absence d'un interlocuteur. « Il s'agit de détournement de logements, à grande échelle, commis par les cadres de la wilaya de Constantine », accuse M. Khadraoui, membre de ce comité, qui s'est organisé sous la coupe de la Ligue algérienne de la défense des droits de l'homme(LADDH). Ce sont les chiffres liés aux nombres des familles expropriées et celles relogées qui créditent les accusations de ces protestataires. Le projet de réalisation de locaux commerciaux et du pont géant de la ville de Constantine a nécessité la délocalisation de 1400 familles. Le wali de Constantine a annoncé en avril dernier que 1050 logements sont affectés pour le relogement de ces familles, propriétaires depuis plusieurs générations de ces habitations situées le long de l'avenue Roumanie. Certaines de ces familles ont procédé à l'expertise de leurs habitations, pour faire valoir la valeur de leurs biens, dont des villas, des terrains et des locaux commerciaux et dont l'acquisition remonte, pour certains, à plusieurs générations. A la surprise de tous, seules 720 familles ont été relogées, selon les déclarations des représentants de ce comité, ayant tenu hier un point de presse au siège de la LADDH. « Où est le reste des logements ? Qu'en est-il de l'indemnisation de nos biens ? », s'interroge le même conférencier. « C'est un déni de droit et de justice », estime le comité qui compte porter cette affaire devant le tribunal en poursuivant le wali et les responsables locaux en justice. L'occasion était aussi pour répondre aux accusations du wali de Constantine quant à la prétendue « manipulation » derrière ce mouvement de protestation dénoncée par le responsable local à travers la presse. « Nos revendications se limitent à nos droits légitimes à un relogement décent de tous les habitants réels du quartier et une indemnisation équitable de nos propriétés détruites dans cette opération. » Plus précis, des membres du comité ont même déclaré que des personnes ont bénéficié des logements à la place des familles expropriées. Le procédé de convocation des familles à reloger « en pleine nuit » et l'absence d'affichage ont alimenté cette polémique qui pointe d'un doigt accusateur le wali de Constantine et « sa liste des 690 convocations distribuées la nuit de façon anarchique ». Le wali est donc interpellé pour donner des explications concernant le devenir des quotas de logements destinés au relogement des expropriés et les critères retenus pour l'attribution des logements. Et c'est en maintenant leur mouvement de protestation à Alger, en ce mois de Ramadhan, que ces familles tentent de susciter la réaction des pouvoirs publics et tenter de tirer au clair ce qui se passe dans leur wilaya.