Après moult tentatives d'avoir une solution durable à leur situation, les familles expulsées de l'avenue de Roumanie de Constantine ont décidé d'ester en justice le wali de ladite wilaya pour déni de justice, suite à la décision prise par les autorités locales de procéder à la démolition de leurs logements en vue de l'édification d'un ouvrage d'art. Devant cet état critique des faits, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH) a condamné, hier, lors d'une conférence de presse animée en son siège, «le silence des pouvoirs publics à l'égard de ces familles (SDF) en détresse». Son président Me Zahouan, après avoir affiché son étonnement a qualifié la démarche des autorités locales de ladite wilaya de «très grave. C'est un déni de service public du moment que l'administration ne respecte pas les droits des citoyens». Sur le même ton, le porte-parole du «comité SOS Expulsions» a dénoncé «ces actes de violation des droits du citoyen» en disant : «Ce n'est pas une délocalisation, mais une spoliation de biens publics». Au cours de cette rencontre, le porte-parole du Comité des sages de l'avenue de Roumanie de Constantine, M. Sadoune, a affirmé : «Notre venue à Alger est motivée par le mutisme des autorités locales. Depuis plus de quatre mois, nous essayons de déposer nos recours auprès de la willaya de Constantine et, à chaque fois, les responsables ferment la porte. Ils veulent dissuader les gens de renoncer à leurs droits.» «Nous irons jusqu'au bout», argue-t-il. Selon lui, l'opération de relogement a été «mal planifiée, mal étudiée, faite dans la précipitation sans base de données, ni statistiques fiables». M. Sadoune parle de fuite en avant et de tentative d'exclure des listes de bénéficiaires des centaines de familles ayant construit en surélévation sur des terrains qui étaient leurs biens privés. Outré, le porte-parole dira que lors de l'opération de recensement, «le wali s'est appuyé sur des indicateurs anonymes pour arrêter une liste finale des familles à reloger». Il s'agit, selon ses dires, d'une procédure arbitraire inscrite en violation de la loi et loin de toute déontologie.Les procédures juridiques ont été piétinées, notamment l'article 20 de la Constitution. Et, le comble, le wali avait avoué et reconnu, lors de son passage au journal d'information télévisé de 20 heures, du 7 juillet dernier, que «1 050 logements sont destinés à l'avenue de Roumanie», «alors que, dira M. Sadoune, à notre connaissance, le nombre exact de logements attribués dans le cadre de cette opération est de 690, plus de 21 cas pour les recours». «Alors comment expliquer l'écart entre ces chiffres ?» s'est-il demandé. Toutes ces ambiguïtés ont conduit ces familles à se mobiliser et se déplacer vers la capitale pour porter leurs revendications devant l'administration centrale. En vain. «Nous sommes venus quatre fois de Constantine pour rencontrer les autorités centrales en vue de résoudre le problème auquel on est confrontés. La première fois, on a été reçus avec la promesse de trouver des solutions. Les parties compétentes localement ont été instruites de statuer sur l'affaire. Le temps passe et rien n'a été fait en notre faveur. Ce qui nous a conduits à venir observer un rassemblement devant la présidence de la République. Depuis, à chaque fois qu'on vient faire un sit-in à El Mouradia pour attirer l'attention des plus hautes autorités du pays, les policiers nous reconduisent à la gare pour repartir sur Constantine», a tenu à rappeler M. Sadoune. Aujourd'hui, ce sont plus de 339 familles qui occupent la rue parce que déclarées intruses ou ayant déjà bénéficié de l'aide de l'État. A ce sujet, leur porte-parole s'est interrogé sur les motivations ayant conduit la wilaya à les déloger de leur domicile sans les reloger, et ce, en dépit des actes qu'ils ont en leur possession et s'interroge sur le refus catégorique du wali de rendre publiques les listes des bénéficiaires et des exclus de l'opération de relogement des familles de ladite avenue. En somme, les familles expulsées lancent un appel aux hautes autorités de la République pour l'envoi d'une commission d'enquête afin d'étudier leur situation au cas par cas et faire la lumière sur cette opération. N. B.