Immigration n Les expulsions de Roms risquent d'attiser les sentiments xénophobes en Europe, a estimé, hier, le président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (Apce). «Les évacuations de camps roms en France et leurs expulsions de France et d'Allemagne risquent d'attiser les sentiments racistes et xénophobes en Europe», selon le président de l'Apce, le Turc Mevlüt Çavusoglu. «Certains groupes et gouvernements profitent de la crise financière pour capitaliser sur les peurs engendrées par l'assimilation des Roms à des criminels, en choisissant un bouc émissaire qui représente une cible facile, les Roms étant l'un des groupes les plus vulnérables», affirme un communiqué publié à Strasbourg. Soulignant qu'en 20 ans, le processus d'intégration des Roms n'a pas atteint ses objectifs, il invite instamment les Etats à trouver une solution durable au problème. Critiquée pour sa politique d'expulsions de Roms, la France estime n'avoir «pas de leçons à recevoir», alors que s'est poursuivi hier le renvoi de Roumains et de Bulgares vers leur pays, motivé par la lutte contre l'insécurité. Un groupe de 124 Roms est arrivé à l'aéroport de Timisoara, dans l'ouest de la Roumanie. Dans la soirée, un premier groupe de treize Roms bulgares reconduits de France est, pour sa part, arrivé à Sofia. «Il ne s'agit pas d'un rapatriement, mais d'un retour volontaire», a dit la porte-parole du ministère bulgare des Affaires étrangères. Le ministre français de l'Immigration, Eric Besson, avait annoncé que 139 Roms de Roumanie seraient expulsés par un vol depuis Paris hier, après le renvoi jeudi de 86 personnes vers la Roumanie, le premier depuis l'annonce fin juillet par Nicolas Sarkozy de mesures sécuritaires ciblant les immigrés. A Timisoara, les rares expulsés qui ont accepté de parler n'ont pas caché leur colère et leur envie de «repartir en France» pour échapper à la pauvreté. Face à la montée des critiques, Paris a défendu sa politique. D'ici à la fin du mois d'août, le nombre des personnes reconduites devrait atteindre «à peu près 850», a-t-il précisé. Ces expulsions ne sont, selon le gouvernement, qu'une accélération d'un processus à l'œuvre depuis des mois, puisque plus de 25 vols de ce genre ont eu lieu depuis le début de l'année. Les Roms seraient au nombre de 15 000 en France, où ils vivent souvent dans des squats. Le gouvernement les accuse d'exploiter leurs enfants à des fins de mendicité et de trafics, tandis que l'opposition dénonce un «racisme officiel». En Roumanie, la politique française passe mal. «J'ai le sentiment que l'on stigmatise un groupe dans son ensemble. C'est contraire à la tradition française de respect des droits de l'Homme», a déclaré au journal Le Parisien Valentin Mocanu, secrétaire d'Etat à la Solidarité, chargé du dossier des Roms. La presse roumaine a aussi dénoncé une «hypocrisie» française.