Résumé de la 1re partie n Le roi prend une seconde épouse qui a une fille d'un premier lit. Au château, la nouvelle reine essaie de faire valoir Truitonne, au détriment de Florine, la fille du roi... La princesse, qui était douce et spirituelle , tâchait de se mettre au-dessus des mauvais procédés. Le roi dit un jour à la reine que Florine et Truitonne étaient assez grandes pour être mariées, et qu'aussitôt qu'un prince viendrait à la cour, il faudrait faire en sorte de lui en donner une des deux. «Je prétends, répliqua la reine, que ma fille soit la première établie : elle est plus âgée que la vôtre, et comme elle est mille fois plus aimable il n'y a pas à hésiter là-dessus.» Le roi, qui n'aimait point la dispute, lui dit qu'il le voulait bien et qu'il l'en faisait la maîtresse. A quelque temps de là, on apprit que le roi Charmant devait arriver. Jamais prince n'avait porté plus loin la galanterie et la magnificence : son esprit et sa personne n'avaient rien qui ne répondît à son nom. Quand la reine sut ces nouvelles, elle employa tous les brodeurs, tous les tailleurs et tous les ouvriers à faire des ajustements à Truitonne. Elle pria le roi que Florine n'eût rien de neuf, et ayant gagné ses femmes elle lui fit voler tous ses habits, toutes ses coiffures et toutes ses pierreries le jour même où Charmant arriva, de sorte que lorsqu'elle voulut se parer, elle ne trouva pas un ruban. Elle vit bien d'où lui venait ce bon office. Elle envoya chez les marchands pour avoir des étoffes ; ils répondirent que la reine avait défendu qu'on lui en donnât. Elle demeura donc avec une petite robe fort crasseuse, et sa honte était si grande qu'elle se mit dans le coin de la salle lorsque le roi Charmant arriva. La reine le reçut avec de grandes cérémonies : elle lui présenta sa fille, plus brillante que le soleil et plus laide par toutes ses parures qu'elle ne l'était ordinairement. Le roi en détourna ses yeux : la reine voulait se persuader qu'elle lui plaisait trop et qu'il craignait de s'engager, de sorte qu'elle la faisait toujours mettre devant lui. Il demanda s'il n'y avait pas encore une autre princesse appelée Florine. «Oui, dit Truitonne en la montrant avec le doigt : la voilà qui se cache parce qu'elle n'est pas brave.» Florine rougit et devint si belle, si belle, que le roi Charmant demeura comme un homme ébloui. Il se leva promptement et fit une profonde révérence à la princesse : «Madame, lui dit-il, votre incomparable beauté vous pare trop pour que vous ayez besoin d'aucun secours étranger. — Seigneur, répliqua-t-elle, je vous avoue que je suis peu accoutumée à porter un habit aussi malpropre que l'est celui-ci et vous m'auriez fait plaisir de ne pas vous apercevoir de moi. — Il serait impossible, s'écria Charmant, qu'une si merveilleuse princesse pût être en quelque lieu et que l'on eût des yeux pour d'autres que pour elle. — Ah ! dit la reine irritée, je passe bien mon temps à vous entendre. Croyez-moi, seigneur, Florine est déjà assez coquette, et elle n'a pas besoin qu'on lui dise tant de galanteries.» Le roi Charmant démêla aussitôt les motifs qui faisaient ainsi parler la reine, mais comme il n'était pas de condition à se contraindre il laissa paraître toute son admiration pour Florine, et il l'entretint trois heures de suite. (à suivre...)