Résumé de la 4e partie n Lorsque le roi Charmant put aller chez le roi et la reine, il se rendit dans leur appartement : il espérait que Florine y serait et il regardait de tous les côtés pour la voir… Le roi se sentait dans une colère inconcevable ; il regardait Truitonne de travers et songeait en lui-même que c'était à cause de ce petit monstre qu'on lui dérobait le plaisir de voir la princesse. Il quitta promptement la reine : sa présence lui causait trop de peine. Quand il fut revenu dans sa chambre, il dit à un jeune prince qui l'avait accompagné, et qu'il aimait fort, de donner tout ce qu'on voudrait au monde pour gagner quelqu'une des femmes de la princesse afin qu'il pût lui parler un moment. Ce prince trouva aisément des dames du palais qui entrèrent dans la confidence ; il y en eut une qui l'assura que le soir même Florine serait à une petite fenêtre basse qui donne sur le jardin, et que par là elle pourrait lui parler, pourvu qu'il prît de grandes précautions afin qu'on ne le sut pas, «car, ajouta-t-elle, le roi et la reine sont si sévères qu'ils me feraient mourir s'ils découvraient que j'eusse favorisé la passion de Charmant». Le prince, ravi d'avoir amené l'affaire jusque-là, lui promit tout ce qu'elle voulait et courut faire sa cour au roi, en lui annonçant l'heure du rendez-vous. Or, la mauvaise confidente ne manqua pas d'aller avertir la reine de ce qui se passait et de prendre ses ordres. Aussitôt, elle pensa qu'il fallait envoyer sa fille à la petite fenêtre : elle l'instruisit bien , et Truitonne ne manqua rien, quoiqu'elle fut naturellement une grande bête. La nuit était si noire qu'il aurait été impossible au roi de s'apercevoir de la tromperie qu'on lui faisait, quand même il n'aurait pas été aussi prévenu qu'il l'était de sorte qu'il s'approcha de la fenêtre avec des transports de joie inexprimables. Il dit à Truitonne tout ce qu'il aurait dit à Florine pour la persuader de sa passion. Truitonne, profitant de la conjoncture, lui dit qu'elle se trouvait la plus malheureuse personne du monde d'avoir une belle-mère si cruelle, et qu'elle aurait toujours à souffrir jusqu'à ce que sa fille fut mariée. Le roi l'assura que si elle le voulait pour son époux il serait ravi de partager avec elle sa couronne et son cœur. Là-dessus, il tira sa bague de son doigt, et la mettant au doigt de Truitonne, il ajouta que c'était un gage éternel de sa foi et qu'elle n'avait qu'à prendre l'heure pour partir en diligence. Truitonne répondit le mieux qu'elle put à ses empressements. Il s'apercevait bien qu'elle ne disait rien qui vaille ; et cela lui aurait fait de la peine s'il ne se fut persuadé que la crainte d'être surprise par la reine lui ôtait la liberté de son esprit. Il ne la quitta qu'à la condition de revenir le lendemain à pareille heure, ce qu'elle lui promit de tout son cœur. La reine, ayant su l'heureux succès de cette entrevue, s'en promit tout. En effet, le jour étant concerté, le roi vint la prendre dans une chaise volante, traînée par des grenouilles ailées : un enchanteur de ses amis lui avait fait ce présent. La nuit était fort noire ; Truitonne sortit mystérieusement par une petite porte, et le roi, qui l'attendait, la reçut dans ses bras et lui jura cent fois une fidélité éternelle. Cependant, comme il n'était pas d'humeur à voler longtemps dans sa chaise volante sans épouser la princesse qu'il aimait, il lui demanda où elle voulait que les noces se fissent. (à suivre...)