Résumé de la 7e partie n Victoria avait des qualités et des défauts. Son principal défaut, le mensonge et l'imagination, l'emportait toujours sur la réalité des faits. Tu me refuserais ce canapé ? Mais Mrs Dievtakis en a un tout pareil ! Ne me dis pas que tu n'as pas d'argent ! Tu en trouves bien pour sortir avec cette grande fille blonde que tu amènes au restaurant et au théâtre... Tu croyais que je ne le savais pas ? Je te passe la fille mais je veux le canapé... Un dîner d'affaires ?... Allons donc ! Tu me prends pour une sotte : tu rentres avec du rouge à lèvres sur ton plastron... Pour le canapé, c'est donc entendu... Et je vais me commander cette cape de vison dont je t'ai parlé... Ce n'est pas du vrai vison, je l'aurai à très bon compte et c'est une excellente affaire... Victoria en était là quand elle s'était aperçue que son auditoire ne l'écoutait plus et qu'il s'était remis au travail avec une sorte de fièvre. Inquiète, elle s'était retournée : Mr Greenholz était là qui l'observait... Elle avait dit : «Ah !» bêtement. Mr Greenholz était passé dans son bureau, sans un mot, et presque tout de suite faisait comparaître Victoria devant lui. Elle était arrivée, avec son bloc et son crayon et d'un air innocent avait posé la question rituelle : — Vous m'avez demandée monsieur Greenholz ? Mr Greenholz avait posé devant lui trois billets d'une livre. — Vous voilà ! avait-il dit. Je crois, ma belle enfant, que je vous ai assez vue et je pense que vous ne verrez aucun inconvénient à ce que je vous paie une semaine de salaire en vous priant de débarrasser le plancher sans plus attendre. Victoria avait ouvert la bouche dans l'intention de servir à son employeur un roman qui eût excusé sa conduite mais le regard de Mr Greenholz lui fit comprendre que ce serait là une vaine dépense d'imagination et de salive. Changeant d'idée, elle répondit en souriant qu'elle était absolument d'accord et que Mr Greenholz avait tout à fait raison. Un peu surpris car rarement un de ses employés accueillit l'annonce de son renvoi avec tant de belle humeur, Mr Greenholz avait masqué sa petite déconvenue en fouillant dans ses poches pour en extraire toute la monnaie qu'elles contenaient. — Il me manque neuf pence, dit-il. — Ça ne fait rient avait-elle gentiment répondu. Je vous en fais cadeau. Vous vous achèterez des bonbons ! — Je pourrais vous les faire parvenir. — Ne vous tracassez donc pas ! Ce qui m'intéresserait c'est un certificat. Mr Greenholz avait froncé le sourcil. — Un certificat ? Ça se fait ! Mr Greenholz avait en bougonnant tracé quelques lignes sur une feuille de papier à en-tète de la maison : Je certifie avoir employé pendant deux mois Miss Jones en qualité de sténo-dactylo. Sa sténographie est inexistante et elle ignore l'orthographe. Elle nous quitte parce qu'il nous est impossible de conserver dans nos bureaux quelqu'un qui ne fait rien pendant les heures de travail. Après lecture, Victoria avait fait la grimace. — Comme recommandation, j'ai vu mieux ! — Ça ne prétend pas être une recommandation ! (à suivre...)