Craintes n Echaudés par les échecs passés et conscients de leurs propres faiblesses, les Palestiniens se sont embarqués dans une énième série de négociations de paix mais sans illusion. Le président palestinien, Mahmoud Abbas, et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, doivent désormais se retrouver deux fois par mois pour tenter de faire avancer les négociations au plus haut niveau, comme cela fut le cas lorsque le dirigeant palestinien négociait avec le prédécesseur de Netanyahu, Ehud Olmert. Mais peu de progrès avaient été enregistrés lors de ces négociations lancées fin 2007 à Annapolis aux Etats-Unis et interrompues fin 2008 après le début de l'offensive israélienne à Gaza. Or, Netanyahu, qui dirige l'un des gouvernements le plus à droite dans l'histoire d'Israël, est notoirement moins enclin au compromis que son prédécesseur. Les Palestiniens l'accusent d'avoir saboté les premiers accords israélo-palestiniens, ceux d'Oslo, lors de son premier passage au pouvoir au milieu des années 1990. Les protagonistes ont convenu que les négociations peuvent aboutir dans un délai d'un an, mais pour les Palestiniens, une autre échéance, celle du 26 septembre, est tout aussi importante. A cette date expirera un moratoire de dix mois sur la colonisation décrété par Israël, et Netanyahu a d'ores et déjà fait savoir qu'il n'avait pas l'intention de le reconduire. «Si Netanyahu annonce le 26 une reprise des activités de colonisation, nous nous retirerons des négociations. Notre position est claire et ferme», a affirmé l'un des négociateurs palestiniens à Washington, Nabil Chaath. Les Palestiniens avaient, en vain, tenté d'obtenir des garanties américaines sur un maintien du gel de la colonisation avant de reprendre les négociations directes. «Les sommets de Washington, les beaux discours et des négociations qui ne donnent rien, on en a déjà vu», résume un membre de la délégation palestinienne, reflétant le scepticisme ambiant. Outre la colonisation, les négociations pourraient buter sur la question de la sécurité, mise en relief par deux attaques menées par le Hamas en Cisjordanie, alors que la diplomatie battait son plein à Washington. «Le Hamas fait la même chose à l'orée de chaque négociation et cela nous a mis dans l'embarras face aux Israéliens», reconnaît un autre délégué palestinien. Dans ce contexte, une réconciliation entre le Hamas et le Fatah, le parti d'Abbas, cruciale pour assurer la pérennité d'un éventuel accord de paix avec Israël, n'a jamais paru aussi lointaine. La reconnaissance d'Israël comme un «Etat juif» par les Palestiniens comme l'exige Netanyahu, le sort de Jérusalem, les frontières et les réfugiés seront aussi autant de pierres d'achoppement. La tâche des négociateurs palestiniens s'annonce d'autant plus ardue qu'ils sont scrutés par une opinion publique lasse de promesses déçues et pas insensible à la rhétorique du Hamas assimilant les négociations à une «capitulation». «C'est la frustration qui domine dans la rue palestinienne. Les gens ne font pas confiance à Netanyahu, ni à la capacité d'Abbas de parvenir à un accord», estiment des analystes.