Résumé de la 7e partie n Le roi est transformé en Oiseau bleu pour avoir refusé d'épouser Truitonne. La reine se mit dans une colère terrible et veut venger sa fille. Florine doit se repentir d'avoir su plaire au roi… Elle s'écria d'un air désespéré qu'on ôtât de ses yeux tous ces présents si funestes, qu'elle ne pouvait plus porter que du noir ou plutôt qu'elle voulait présentement mourir. Elle s'évanouit, et la cruelle reine, ravie d'avoir si bien réussi, ne permit pas qu'on la secourût : elle la laissa seule dans le plus déplorable état du monde et alla conter malicieusement au roi que sa fille était si transportée de tendresse que rien n'égalait les extravagances qu'elle faisait, qu'il fallait bien se donner de garde de la laisser sortir de la tour. Le roi lui dit qu'elle pouvait gouverner cette affaire à sa fantaisie et qu'il en serait toujours satisfait. Lorsque la princesse revint de son évanouissement et qu'elle réfléchit sur la conduite qu'on tenait avec elle aux mauvais traitements qu'elle recevait de son indigne marâtre et à l'espérance qu'elle perdait pour jamais d'épouser le roi Charmant sa douleur devint si vive qu'elle pleura toute la nuit. En cet état elle se mit à sa fenêtre où elle fit des regrets fort tendres et fort touchants. Quand le jour approcha, elle la ferma et continua de pleurer. La nuit suivante, elle ouvrit la fenêtre ; elle poussa de profonds soupirs et eu des sanglots ; elle versa aussi un torrent de larmes. Le jour venu, elle se cacha dans sa chambre. Cependant, le roi Charmant, ou pour mieux dire le bel Oiseau Bleu, ne cessait point de voltiger autour du palais. Il jugeait que sa chère princesse y était enfermée et que si elle faisait de tristes plaintes les siennes ne l'étaient pas moins. Il s'approchait des fenêtres le plus qu'il pouvait pour regarder dans les chambres mais la crainte que Truitonne ne l'aperçût et ne se doutât que c'était lui l'empêchait de faire ce qu'il aurait voulu. «Il y va de ma vie, disait-il en lui-même : si ces mauvaises découvraient où je suis, elles voudraient se venger ; il faudrait que je m'éloignasse ou que je fusse exposé aux derniers dangers.» Ces raisons l'obligèrent à garder de grandes mesures, et d'ordinaire il ne chantait que la nuit. Il y avait vis-à-vis de la fenêtre, où Florine se mettait, un cyprès d'une hauteur prodigieuse : l'Oiseau Bleu vint s'y percher. Il y fut à peine qu'il entendit une personne qui se plaignait : «Souffrirai-je encore longtemps ? disait-elle. La mort ne viendra-t-elle point à mon secours ? Ceux qui la craignent ne la voient que trop tôt ; moi, je la désire et la cruelle me fuit. Ah ! barbare reine ! Que t'ai-je fait pour me retenir dans une captivité si affreuse ? N'as-tu pas assez d'autres endroits pour me désoler ? Tu n'as qu'à me rendre témoin du bonheur que ton indigne fille goûte avec le roi Charmant !» L'Oiseau Bleu n'avait pas perdu un mot de cette plainte ; il en demeura bien surpris et il attendit le jour avec la dernière impatience pour voir la dame affligée mais avant qu'il vînt elle avait fermé la fenêtre et s'était retirée. L'oiseau curieux ne manqua pas de revenir la nuit suivante : il faisait clair de lune. Il vit une fille à la fenêtre de la tour... Elle commençait ses regrets : «Fortune, disait-elle, toi qui me flattais de régner, toi qui m'avais rendu l'amour de mon père, que t'ai-je fait pour me plonger tout d'un coup dans les plus amères douleurs ? Est-ce dans un âge aussi tendre que le mien qu'on doit commencer à ressentir ton inconstance ? Reviens, barbare, s'il est possible : je te demande pour toutes faveurs de terminer ma fatale destinée.» (à suivre...)