l Il est finalement parti, le «cheikh» après avoir malheureusement dilapidé tout le crédit et toute l'estime que lui accordait l'Algérie du football. Il est parti sur un échec, lui qui pouvait, qui aurait dû avoir l'élégance du geste de démissionner juste après le Mondial, parce que les signes avant-coureurs d'une catastrophe étaient visibles pour tous, sauf pour lui et ceux qui l'ont soutenu. Aujourd'hui, les dégâts sont là : il faut juste espérer qu'il ne soit pas trop tard. Rabah Saâdane a, encore une fois, démissionné de son poste de sélectionneur au lendemain du semi échec des Verts concédé à domicile face à la Tanzanie. Pour comprendre les raisons de cette capitulation, retour sur des faits qui se sont déroulés depuis les tribunes des stades et qui concernent l'entraîneur au plus près. Le public du stade Mustapha-Tchaker de Blida avait, en septembre 2009, porté aux nus l'homme en scandant à l'unisson : «Djeich, Chaâb, maâk ya Saâdane.» Un an plus tard, le même public arrose le même homme de mots durs et d'insultes, que nous ne reprendrons pas sur nos colonnes tant elles sont infamantes, du reste totalement injustes pour un homme comme Rabah Saâdane, connu pour sa piété et sa sagesse. Ceux qui lui ont forcé la main, en revanche, devront assumer leurs responsabilités face à l'Histoire... En effet, en juin dernier, à Pretoria, en terre sud-africaine, et à l'issue du match Algérie-Etats-Unis, le «cheikh» avait annoncé officiellement son départ devant un parterre de journalistes, nationaux et étrangers. Cela aurait, pour lui, au vu des circonstances actuelles, représenter la meilleure image à laisser derrière soi, celle d'un homme qui a accompli son devoir et dont le nom restera gravé au grand retour de l'Algérie à la coupe du Monde, la troisième sous sa conduite. Il faut le faire ! Pour n'avoir pas su préparer la relève et l'après-Mondial, pour suivre peut-être des injonctions venues «d'en haut», «Cheikh» Saâdane, comme aime à l'appeler le petit peuple, a alors accepté de revenir sur sa décision de quitter la barre technique des Verts, compte tenu des échéances toutes proches des éliminatoires de la CAN Orange 2012, ce qui lui vaudra une incroyable levée de bouclier de la part de certains cercles et médias qui voulaient d'un changement à tout prix. Certes ! Mais alors pourquoi s'attaquer à l'homme, en évoquant, par exemple, ses émoluments alors qu'au dernier Mondial 2010, il n'occupait que le 27e rang sur 32 du classement des revenus des entraîneurs avec 244 000 euros/an bien loin derrière Fabio Capello et ses 8 800 000 euros/an. Et même si ce chiffre paraît «indécent» à certains, il y a lieu de préciser que Saâdane n'a jamais exigé quoi que ce soit dans son contrat, encore moins une clause, comme celle de Capello, pour indemnisation en cas de rupture de contrat. Après l'avoir contraint à revenir, la Fédération algérienne de football (FAF), par l'entremise de son président, a alors promis de lui adjoindre un technicien pour le seconder avec deux options : soit un gars parmi les plus prometteurs comme Fouad Bouali, Djamel Menad ou Abdelhak Benchikha, pour ne citer que ceux-là, soit une compétence étrangère qui apporterait le plus escompté, comme un Alain Michel, qui n'a jamais caché son souhait de pouvoir servir la sélection. Malheureusement, rien n'a été fait dans ce sens d'autant que Saâdane, de son côté, souvent méfiant, a préféré garder son équipe, avec quelques correctifs (départ de Lamine Kebir et arrivée du préparateur Boujemaâ Mohammedi). Croyant à la destinée, le «Cheikh» voulait refaire le coup de l'Egypte, en juin 2009, lorsque la roue avait tourné en sa faveur avec une belle victoire à Blida (3 à 1) suivie d'un succès en déplacement contre la Zambie (2 à 0), forçant les partisans du changement à mettre leur projet au placard. Ensuite, advint la vague verte, immense, qui a tout englouti sur son passage. Jusqu'à la Coupe du Monde, où l'histoire entre les Verts et Saâdane aller se terminer en de bons termes. Sauf que certains en ont voulu autrement... Plus à l'algérienne... Avec un avant-goût, le 11 août au stade du 5-Juillet lors du match contre le Gabon, puis vendredi face à la Tanzanie. «Tout un stade qui vous insulte, devant vos amis et votre famille, c'en était trop. Saâdane décide enfin de partir et la FAF entérine», a déploré Sâadane.