l «Celui qui n'a pas sa nourriture ne détient pas la prise de décision.» Cette vérité, oubliée ou omise malgré son importance plus que jamais d'actualité, a été rappelée hier par nos spécialistes. Ces derniers proposent trois stratégies pour aboutir à une autonomie alimentaire, seule à même de garantir une totale souveraineté. Intervenant hier lors d'une conférence de presse consacrée à la sécurité alimentaire dans les pays arabes, le président de l'Union nationale des agronomes (UNA), Zane Yahia, a proposé trois stratégies à même de réaliser cet objectif dans les pays arabes. Il s'agit, en premier lieu, de promouvoir l'éducation. «Il faudrait orienter les populations vers d'autres régimes alimentaires, c'est-à-dire échanger notre régime alimentaire basé essentiellement sur la consommation des produits à base de céréales, par un autre régime basé sur la consommation d'autres denrées produites dans les pays arabes.» La deuxième stratégie consiste, selon, M Zane, à promouvoir la productivité, notamment agricole. «Sans le développement et la modernisation de notre agriculture, nous ne pourrons pas atteindre la sécurité alimentaire.» Dans ce contexte, tous les autres intervenants ont mis en exergue la nécessité d'investir dans l'agriculture, premier pilier de la sécurité alimentaire. La troisième stratégie dont a parlé M. Zane, concerne la nécessité de réduire l'exposition à la volatilité du marché par l'amélioration de l'efficience d'approvisionnement et par une utilisation plus efficace des instruments financiers et des couvertures de risques. Rappelons qu'en 2008 la quasi-totalité des pays arabes ont subi un choc alimentaire, suite à la flambée des prix des produits agricoles de large consommation sur le marché international, tels que la poudre de lait, les céréales, les huiles. Ce choc a rappelé à ces pays leur vulnérabilité face à la moindre crise alimentaire. Cette année-là, les experts ont constaté une hausse du taux de pauvreté au sein des populations, vu que les citoyens ne pouvaient plus faire face à la cherté de ces produits. Lors de son intervention, le président d'honneur de l'UNA, M. Seraï, a souligné l'importance de mettre en place des politiques agricoles sur des bases scientifiques, l'amélioration des qualités de semence afin d'avoir de meilleurs rendements, l'investissement dans le développement humain et la formation, le financement des travaux et des centres de recherches œuvrant dans le domaine agricole et, enfin, la réalisation de barrages pour l'irrigation des terres agricoles. Pour sa part, le représentant de l'ambassade du Soudan à Alger a mis en exergue la nécessité d'encourager la production des céréales et le développement du niveau général des échanges entre les pays arabes. «Celui qui n'a pas sa nourriture ne détient pas la prise de décision», a-t-il conclu. Il faut savoir que 50% des produits que consomment les pays arabes sont importés. Ils sont dépendants de l'importation d'une multitude de produits agricoles, largement consommés dans ces pays, notamment les céréales sur lesquelles est basé le régime alimentaire des populations arabes. Cette dépendance s'accentue de plus en plus, vu la stagnation de l'agriculture dans ces contrées, en plus de l'explosion démographique qui caractérise ces pays.