Les contrôles se poursuivront tant que l'Organisation mondiale de la santé n'aura pas signalé la fin de la peste en Algérie. Quinze bateaux de ligne régulière entre l'Algérie et Marseille ont été contrôlés à leur arrivée au port du sud de la France. Les hôpitaux de la ville de Marseille ont établi un plan d'urgence spécial depuis l'instauration de mesures préventives de dératisation le 8 juillet en vue de lutter contre les risques de propagation de la peste sévissant en Algérie. Des responsables au niveau du ministère de la Santé, contactés par nos soins, affirment qu' «il s'agit d'une opération de contrôle préventive aux postes-frontières comme ce fut le cas lors de la récente épidémie mondiale du Sras où l'Algérie avait déployé tout un dispositif de contrôle au niveau des ports et aéroports pour prévenir les éventuels cas de contamination de cette maladie. Sur ces 15 bateaux, «deux n'avaient pas mis en application les mesures de contrôle notifiées le 8 juillet à tous les utilisateurs du port autonome de Marseille», a indiqué le même responsable. «Ce chiffre montre que les contrôles ne sont jamais superflus», a-t-il commenté, précisant que les deux bateaux devront présenter des attestations avant d'être autorisés à entrer au port. Il faut noter que plus de la moitié du tonnage du port de Marseille se fait avec l'Algérie où dix cas de peste ont été recensés dernièrement. Par ailleurs, les éboueurs de la Cité phocéenne ont observé, en juin dernier, une grève pendant trois semaines, ce qui a conduit à la détérioration des conditions sanitaires au niveau des artères de la ville où les autorités sanitaires ont constaté une prolifération inquiétante du nombre de rats. Cela a conduit le ministère français de la Santé à prendre, le 8 juillet, ces mesures imposant aux bateaux de ligne régulière de «placer des appâts empoisonnés dans les zones vulnérables du bateau, d'effectuer tous les jours une tournée et d'en consigner le résultat dans le carnet de bord». Il convient de rappeler également que l'épidémie de peste, qui avait touché Alger en 1789, avait été précédée d'une autre similaire à Marseille, en 1720, ayant tué environ 30.000 personnes. A propos de la mesure de prévention, Max Garans, responsable du contrôle sanitaire aux frontières à la Direction des affaires sanitaires et sociales (Ddass) du département des Bouches-du-Rhône déclare: «Nous avons simplement anticipé une éventuelle évolution défavorable de la situation. En réalité, plusieurs équipages avaient déjà pris ces mesures par eux-mêmes ou les appliquaient déjà de longue date. Mais en matière de peste, le risque perçu par la population est nettement plus important que le risque réel.» Selon ce haut responsable, les contrôles se poursuivront tant que l'Organisation mondiale de la santé n'aura pas signalé la fin de la peste en Algérie. Si cette mesure est préventive, il faut s'attendre donc à ce qu'elle soit élargie aux aéroports qui sont desservis par la ligne algérienne même si les autorités sanitaires françaises affirment qu«'il s'agit, pour l'instant, d'un contrôle sanitaire au niveau des bateaux où le risque de présence de rats, vecteurs potentiels de la peste, est grand». Cependant, il est à craindre que cette mesure n'obéisse à d'autres objectifs pour se pérenniser une fois l'épidémie maîtrisée. On rappelle à ce propos l'épisode de la compagnie Air France qui a déserté l'aéroport d'Alger sous prétexte de la détérioration des conditions sécuritaires. Une situation, faut-il le rappeler, qui a conduit à un embargo aérien tacite contre l'Algérie. Plus grave encore, elle risque de provoquer un effet boule de neige, comme cela a été le cas pour le transport aérien. En attendant, on n'en est pas à ce stade, mais les mêmes contrôles subis par les bateaux algériens à Marseille ont été observés en Espagne. Lundi, dernier, «Arial», un bateau affrété par la Société nationale du transport maritime, a fait l'objet d'une fouille minutieuse par deux équipes spécialisées dans la prévention sanitaire. Alors que le bateau s'apprêtait à transporter des voyageurs depuis le port de Palma, une équipe sanitaire et une autre de prévention ont passé au crible tous ses recoins notamment les stocks de provisions, lieu privilégié pour la prolifération des rats.