Estimation n Le Maroc est en passe de devenir un important fournisseur de l'Algérie en cannabis, ce qui contribuerait à la recrudescence de la toxicomanie, déjà inquiétante. Le cannabis étant désormais fabriqué localement en Europe, l'Algérie risque de devenir destinataire d'une importante production marocaine. C'est l'avertissement donné par Abdelmalek Sayah, directeur de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT). Abdelmalek Sayah intervenait, hier, en marge du séminaire régional de formation, sur la prise en charge des toxicomanes. D'une manière générale, la situation est grave, si l'on sait que près de 20 tonnes de cannabis ont été saisies durant l'année en cours. Pis encore, «la quantité saisie ne représente que 10% du cannabis en circulation dans le pays». Tirant la sonnette d'alarme quant à la recrudescence du phénomène de la toxicomanie, M. Sayah a précisé : «On enregistre en Algérie une consommation non seulement de résine de cannabis, mais aussi de cocaïne et d'héroïne.» Il explique l'augmentation du nombre de toxicomanes en Algérie par «l'existence de réseaux spécialisés dans le trafic de cannabis sur le marché algérien car la demande sur ce produit est en nette baisse en Europe». Dans un exposé qu'il a fait sur les résultats de l'enquête nationale contre la drogue réalisée par l'office, M.Sayah a souligné trois points essentiels. «La drogue est présente partout en Algérie, aussi bien en milieu urbain que rural. Elle touche toutes les franges de la société et plus particulièrement les jeunes dont la tranche d'âge se situe entre 12 et 35 ans». Précisons, à titre de rappel, que la loi algérienne a reconnu en 2004 le «statut de malade» au toxicomane en lui évitant toute poursuite judiciaire s'il acceptait de se faire soigner dans les centres spécialisés. S'agissant des moyens déployés pour la lutte contre ce phénomène, la même source a relevé qu'une stratégie nationale de lutte contre la drogue et la toxicomanie est en cours d'élaboration par l'Office national. Elle sera soumise au gouvernement pour approbation. L'office se charge pour l'heure de l'évaluation du programme d'orientation de lutte contre la drogue et la toxicomanie, lancé depuis 2004 jusqu'à 2008, en collaboration avec les départements ministériels. Les lacunes qui seront relevées serviront de recommandations dans l'élaboration du plan directeur pour le quinquennat 2011-2015, a-t-il ajouté. Marqué par la participation d'experts algériens et étrangers, ce séminaire régional de formation sur la prise en charge des toxicomanes prendra fin demain, lundi. Son objectif principal est d'apporter aux professionnels de la santé une base de connaissance approfondie sur la prise en charge des toxicomanes. Cette première rencontre sera suivie de deux autres qui se tiendront dans les wilayas de Ouargla et de Béchar.