Durant l'année dernière, les saisies de cannabis ont dépassé toutes les prévisions. Les services de sécurité ont réussi à saisir plus de 74 tonnes de cannabis, soit une augmentation de 94% par rapport à 2008 (qui a enregistré des saisies de 38 tonnes). Le directeur général de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT), Abdelmalek Sayeh, tire la sonnette d'alarme. «Nous ne sommes pas à l'abri d'une catastrophe si nous ne prenons pas les choses à temps», a avertit ce responsable sur les ondes de la chaîne III. Les saisies opérées depuis 2007 sont en progression continuelle. Elles ont ainsi augmenté de 230% entre 2007 et 2008. Désormais, dans notre pays, le cannabis est un danger réel pour la santé publique. Le premier responsable de l'ONLCDT prévient que l'Algérie, «un pays de transit depuis des années, est en train de devenir un pays de consommation» -à cause de la concurrence acharnée rencontrée par les Marocains- pour écouler leur cannabis en Europe. En effet, les agriculteurs des pays de l'Afrique de l'Ouest se sont convertis pour cette culture lucrative. «Le danger est là. Il nous guette. Nous estimons qu'entre 23 à 24% du cannabis -qui transite par l'Algérie- reste pour la consommation», a-t-il précisé. Mais avec l'arrivée sur le marché de nouveaux producteurs de cannabis, les trafiquants marocains vont se retourner vers l'Algérie durant les prochaines années. Le rapport annuel de l'Organe international de contrôle de stupéfiants (pour 2009) avait indiqué que le Maroc demeure l'un des pays du monde où la culture illicite de cannabis est «très répandue». Le Maroc est une «importante source» de cannabis et de résine de cannabis d'origine illicite, en particulier pour l'Afrique du Nord et l'Europe Occidentale. Les données de ce document relatives aux saisies montrent que la plupart de la résine de cannabis produite au Maroc est passée en fraude en Europe. Elle est également acheminée clandestinement vers les pays d'Afrique du Nord, d'Afrique subsaharienne ou à travers ces pays. Autre point soulevé par l'intervenant -est que les trafiquants de drogues- sont devenus de plus en plus dangereux. «Les narcotrafiquants ne reculent devant rien. Ils sont bien outillés avec des moyens sophistiqués. Il y a eu des morts parmi les gendarmes et les douaniers dans des accrochages», a-t-il regretté. Le DG de l'ONLCDT a aussi déploré les difficultés à identifier les barons de ce trafic. «Les barons sont intouchables, ils sont dilués dans la société. Ce sont des importateurs, des entrepreneurs...», a-t-il signalé. Il est à noter que la région Ouest est la plus touchée par le trafic de cannabis. Presque la moitié (48%) de la drogue qui transite par route, généralement à bord de véhicules 4x4, passe par cette région.