Résigné, je lui ai alors répondu : «D'accord, je ferais tout mon possible pour accomplir consciencieusement mon devoir sacré. Le combat est le même dans un commando, dans une Katiba ou à la tête d'un secteur. Notre but est de vaincre le colonialisme français pour libérer notre chère Algérie du joug colonialiste.» Après mes saluts au colonel Si M'hamed, au commandant Si Lakhdar, aux lieutenants Si Moussa Charef, Si laïd et Si Mokhtar, le capitaine Si Mohamed Bounaâma de nouveau, fit appel à l'agent de liaison pour me guider au PC (Poste de commandement) de la région où je devais prendre mes nouvelles fonctions. C'était la dernière fois que je voyais le colonel Si M'hamed et le commandant Si Lakhdar. Cela se passait dans les Monts de l'Ouarsenis. Nous étions au mois d'octobre de l'année 1957. Dans le maquis, en quittant quelqu'un, l'on n'était jamais sûr de le revoir. BATAILLE AU DOUAR SIOUF, TAZA-TROLLARD (ACTUELLEMENT BORDJ EMIR ABDELKADER), AVRIL 1958 L'armée du «général» Mohamed Bellounis — dans le sud du pays —, en coordination avec celle du «général» Djillali Belhadj (alias Kobus), dont les éléments installés dans un poste à Zédine (Aïn Defla), étaient largement soutenus par l'armée française et projetaient d'encercler et d'anéantir tous les combattants de l'ALN de la wilaya IV. Ainsi, en étroite collaboration avec les états-majors français, les susdits généraux d'opérette Bellounis et Belhadj, pour éradiquer les éléments ALN/FLN. et avoir ensuite les coudées franches dans la région, échafauderont le plan tactique suivant : Les Bellounistes devaient remonter du Sud (Djelfa, Laghouat, Aflou) vers le Nord, tandis que les Kobustes devaient descendre du Nord vers le Sud, pour localiser les katibate de L'ALN dans les montagnes de Theniet El-Had. Amrouna, El-Meded, Matmata et Zemoura djebel Louh... Les deux généraux es-trahison avaient l'assurance du soutien qu'apporteraient l'armée française et son aviation à leurs troupes. Le commandement de la wilaya IV n'ignorait certes rien des intentions combinées de l'armée française et de ses marionnettes Bellounis et Belhadj-Kobus. Le commandant Si Djilali Bounaâma, chef de la zone III et Si Rachid Bouchouchi, commandant de la région de Theniet El-Had, avaient noué des contacts secrets avec les colonels adjoints du général Kobus, qui désiraient rejoindre L'ALN avec armes et bagages, ce qui représentait une importante et bonne opération pour nous. Toutefois, notre commandement avait tenu à imposer certaines conditions et exigences préalables aux colonels belhadjistes. Etant de passage, au cours d'une mission, dans les douars disséminés à travers les monts de Amrouna, j'avais rencontré à cette occasion une compagnie de moudjahidine faisant partie de la région de Theniet El-Had. Ce fut pour moi un grand plaisir de retrouver au contact roboratif de cette unité combattante, la rude ambiance de la vie périlleuse et mouvementée des djounoud, dont mes nouvelles prérogatives politiques m'avaient cruellement privé depuis un certain temps déjà. (à suivre...)