Durant l'été 2001, la cité industrielle de Wuhan, dans la province chinoise de Houpei, a été en proie à l'angoisse. Sept femmes ont été agressées par un homme armé d'un grand couteau et quatre sont mortes. Il les a attaquées la nuit, dans de petites rues peu éclairées, les a frappées à la tête avec un objet lourd, puis les a poignardées. Ni les journaux locaux ni les nationaux n'ont parlé de ces affaires : ils ne publient presque jamais d'articles sur des affaires irrésolues. Mais la rumeur courait selon laquelle le tueur ne s'en prenait qu'à des femmes habillées en rouge. On parlait du «tueur de la robe rouge» et les femmes ne portaient plus que du bleu. Lorsque la Chine était sous le contrôle de Mao, les gens pouvaient à peine voler une bicyclette. Cette Chine étouffante mais sécuritaire n'existe plus. Des dizaines de millions de Chinois sont constamment en train de voyager ou de déménager, errant dans les différentes provinces de cet immense pays, à la recherche d'un emploi. La société chinoise est sens dessus dessous et l'anonymat est enfin possible, surtout dans les «aimants à immigrants» tels que Wuhan. L'un des pires résultats de ce phénomène est une sorte d'épidémie de tueurs en série... Plusieurs affaires ont déclenché une peur qui ne cesse de croître. Un chauffeur de camion dénommé Hua Ruizhuo a été exécuté en 2002 pour avoir attiré des prostituées dans son van, près d'un grand hôtel de Beijing, les avoir attachées et violées avant de les tuer et d'abandonner leurs corps autour de la ville. Il a tué 14 femmes. A peu près à la même époque, la police de la province de Jilin, au nord, a capturé Piao Yongzhi, qui a assassiné un nombre indéfini de femmes aux cheveux longs. Il gardait leurs tresses dans un sac, chez lui. Il a écorché le visage d'une de ses victimes, puis l?a faite cuire et l?a mangée. La police chinoise affirme résoudre 85% des meurtres «réguliers» du pays. Le pourcentage est bien moindre lorsqu'il s'agit de meurtre en série. L'inexpérience des enquêteurs chinois a été mise en évidence par un gang de 4 assassins de la province centrale de Hounan, qui ont pu agir durant des mois en 2000. Ils pénétraient dans les maisons en utilisant un bélier, tuaient les habitants et castraient souvent les hommes avec des pinces. Ils laissaient derrière eux des masques en tissu. Le gang allait de province en province, et la coordination entre les différentes forces de police des villes et districts étaient franchement insuffisantes. Le gang ajouta à la confusion en changeant de chaussures pour chaque crime. Ainsi, les traces que la police relevait ne correspondaient pas de crime en crime... Lorsque les policiers parvinrent enfin à les arrêter, les 4 membres du gang avaient tué 77 personnes ! Une nuit de février 2001, dans la province de Hounan, six policiers de la ville de Yueyang (à 200km au sud de Wuhan) ont frappé à la porte du petit appartement de Duan Guocheng, un gardien de 29 ans qui vivait chez ses parents. Les policiers n'ont pas voulu dire à sa mère pourquoi ils étaient là, mais comme Duan était absent, ils l'ont attendu toute la nuit. Lorsque Duan est revenu au matin, il a jeté un ?il à la fenêtre et s'est enfui. Les policiers l'ont pourchassé dans un marché, mais il est parvenu à s'enfuir. La police a ensuite révélé aux parents de Duan qu'il le soupçonnait d'avoir assassiné neuf femmes, la plupart d'entre elles vêtues de rouge. (à suivre...)